Page conseils 30 septembre 2019

L’amarante tuberculée : l’une des pires mauvaises herbes résistantes aux herbicides

L’amarante tuberculée (water-hemp en anglais), connue comme l’une des mauvaises herbes les plus menaçantes aux États-Unis, est maintenant présente au Québec. Cette espèce prolifique peut produire de 35 000 à 4 800 000 graines par plant annuellement et elle a en plus la capacité d’acquérir facilement des gènes de résistance aux herbicides. En effet, des populations résistantes aux herbicides des groupes 2, 5, 9 et 14 ont été trouvées en Ontario, alors qu’aux États-Unis, celles résistantes aux groupes 2, 4, 5, 9, 14, 15 et 27 ont été identifiées.

Au Québec, jusqu’à présent, deux populations ont été dépistées. La première, repérée à l’automne 2017 dans la région de la Montérégie-Ouest, se révèle résistante au glyphosate, aux herbicides du groupe 5 (atrazine) et à ceux du groupe 2 (imazéthapyr). La résistance au glyphosate est très préoccupante puisqu’il s’agit de l’herbicide le plus vendu au Québec et que de nombreux producteurs l’utilisent toujours seul. La deuxième population a été trouvée tout récemment, soit au mois d’août 2019, dans la région de la Montérégie-Est. Les analyses pour en évaluer la résistance sont en cours et les résultats ne sont pas confirmés au moment d’écrire ces lignes.

Une escouade d’arrachage

Plusieurs moyens de lutte contre les mauvaises herbes résistantes peuvent être utilisés, comme la rotation des groupes d’herbicides, la rotation des cultures, le contrôle mécanique, etc. Associé à ces bonnes pratiques, l’arrachage manuel est un moyen efficace d’éviter la propagation des mauvaises herbes en début d’infestation. Pour cette raison, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a mis en branle l’« escouade arrachage », en collaboration avec le Groupe Pleine Terre, une entreprise multidisciplinaire dont l’expertise couvre plusieurs domaines, comme l’agriculture, le génie et la gestion de l’eau, en vue de venir en aide aux quelques producteurs aux prises avec cette mauvaise herbe.

L’objectif est d’éviter la prolifération de l’amarante tuberculée, où qu’elle puisse pousser. Pour ce faire, du dépistage est effectué dans les champs situés dans les zones à risque. Si l’on trouve des plants et qu’aucune autre méthode de contrôle n’est envisageable, ils sont arrachés. Un soutien agronomique est également offert aux producteurs visés afin de revoir les bonnes pratiques en matière de biosécurité et de choisir les mesures de lutte les mieux adaptées à l’entreprise pour contrôler cette mauvaise herbe.

Étalement territorial

L’apparition au Québec de ces deux cas d’amarante tuberculée est due à l’importation de machinerie provenant de l’extérieur de la province. Voilà pourquoi il est fortement recommandé de mettre en place des mesures de biosécurité à la ferme afin d’assurer la propreté de la machinerie importée avant d’en faire l’usage au champ. Ces méthodes permettront de diminuer les risques de contamination par des mauvaises herbes, des insectes ou d’autres ravageurs des cultures et d’éviter d’éventuels problèmes phytosanitaires.

Dans ce contexte, le suivi des champs par un agronome, y compris le dépistage des mauvaises herbes et le choix judicieux des méthodes de contrôle, est nécessairement un atout pour éviter la dispersion et la dissémination de telles adventices problématiques.

Reconnaître l’amarante tuberculée

L’amarante tuberculée peut mesurer de 20 à 200 cm de hauteur. Sa tige dépourvue de poils est de couleur verte ou rougeâtre. Alternant sur la tige, les feuilles matures sont plus longues que larges avec un apex arrondi. Elles sont luisantes et longuement pétiolées. Toutefois, le pétiole est plus court ou égal au limbe. Les fleurs mâles et femelles sont présentes sur des plants différents et les graines sont regroupées au sommet de la tige et sur les rameaux latéraux.

Pour ceux qui souhaiteraient faire identifier un plant, le Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ offre un service d’analyse biomoléculaire pour déterminer l’espèce d’amarante. La méthode permet de différencier 10 espèces différentes dès le stade de plantule.

Gabriel Deslauriers, agr., M. Sc., Directeur recherche et développement, Groupe Pleine Terre
Stéphanie Mathieu, agr., Conseillère en grandes cultures au MAPAQ