Actualités 9 mars 2021

La production hors sol en serre chauffée minimalement : une avenue intéressante

La culture sous abri non chauffé ou avec un chauffage minimal est en développement au Québec. Dans un contexte où l’autonomie alimentaire est au cœur de nos préoccupations, la rentabilité de ce type de production pourrait avoir une incidence majeure sur l’augmentation de l’achat d’aliments locaux en hiver.

Ce type de production hors sol comporte certains avantages. La production en serre chauffée minimalement permet de rentabiliser les surfaces de production pendant une plus longue période dans l’année en produisant une culture secondaire dans une serre dont la culture principale est non produite durant une période définie. Un autre avantage de la production hors sol est la mobilité des bacs utilisés. Il est ainsi possible de commencer une production à l’extérieur et de la déplacer en serre lorsque les conditions climatiques sont moins favorables. La gestion des maladies du sol est aussi facilitée avec ce système. En cas de problème avec des pathogènes du sol, on peut désinfecter les bacs et changer le substrat.

Un projet prometteur

Un projet de fin d’études est mené en ce sens à l’Institut de technologie alimentaire (ITA), campus de Saint-Hyacinthe par Anne-Marie Phaneuf, finissante en technologie de la production horticole et de l’environnement, programme appelé maintenant Technologie de la production horticole agroenvironnementale (TPHA). Comme les serres ornementales de ce campus sont inoccupées de juillet à décembre, il s’agit d’une occasion intéressante d’introduire une culture secondaire produite durant cette période d’inoccupation de la production principale
(ex. : épinards, radis, mesclun).

L’objectif du projet de cette étudiante est de comparer la gestion de l’eau de deux substrats pour déterminer lequel serait le mieux adapté à une production d’épinards hors sol. C’est en considérant que les cultures en contenant sont plus sujettes au stress hydrique qu’au surplus d’eau et que les températures froides exerceront une action non négligeable sur l’assèchement du substrat que l’idée de comparer deux substrats économiques est venue à Anne-Marie Phaneuf. Il s’avère que les deux substrats ont une très bonne rétention en eau et la même composition chimique. Seule leur capacité de drainage diffère.

Dans le cadre du projet, des épinards de la variété Emperor ont été semés en serre dans des plateaux multicellules de 128 unités le 22 septembre dernier. La plantation dans les bacs a été effectuée le 29 octobre avec une densité de 63 plants/m2. Trois palettes de bois de 4 pi x 8 pi x 8 po ont été converties en bacs de cultures pour le projet. Ces bacs sont munis d’une toile géotextile pouvant contenir 150 L de substrat. L’ajout de parois en hauteur a été pensé pour qu’elles n’obstruent pas les fentes latérales qui seront nécessaires lors d’un futur déplacement par chariot élévateur.

La première récolte d’épinards a été effectuée le 17 novembre. La dimension moyenne des feuilles, qui était de 8 cm x 6 cm, a été la même pour toutes les récoltes qui ont suivi. Bien que le projet d’Anne-Marie Phaneuf ne soit pas terminé, les résultats préliminaires sont fort intéressants. Le tableau ci-dessous indique le rendement moyen de la production en bacs aux différentes dates de récolte. Il ne distingue toutefois pas le rendement obtenu selon le type de terreau utilisé.

À la lumière des résultats actuels, l’ITA offrira l’an prochain à un autre finissant du programme TPHA de conduire un essai semblable au campus de Saint-Hyacinthe, en devançant la date de plantation autour de la mi-septembre. Lors de cet essai, il serait également intéressant de comparer la plantation en bacs avec celle en plein sol.

Josée Bonneville, agr., professeure en technologie de la production horticole agroenvironnementale
Institut de technologie agroalimentaire, campus de Saint-Hyacinthe