Élevage 21 janvier 2019

Améliorer la sélection génétique du bétail

Une fois son doctorat terminé, le jeune agronome Bernard Ato Hagan retournera au Ghana avec un prototype de logiciel qui pourra aider les producteurs agricoles de son pays à faire une meilleure sélection génétique de leurs troupeaux.

« Quand M. Hagan est arrivé dans mon laboratoire, raconte Roger Cue, généticien et professeur au département des sciences animales de l’Université McGill, nous avons réfléchi à un projet qui pourrait avoir son utilité pour le Québec et le Ghana. L’idée d’un outil pouvant analyser le processus d’amélioration génétique du bétail s’est tout de suite imposée. »

Pour assurer la reproduction de leurs troupeaux, les agriculteurs utilisent l’insémination artificielle qui permet de choisir les semences des mâles les plus susceptibles d’engendrer une progéniture génétiquement forte et productive.

Chaque année, ils consultent un catalogue de semences animales et choisissent celles qui correspondent aux critères recherchés. Par exemple, ils peuvent arrêter leur choix sur la semence d’un taureau jugé au-dessus de la moyenne pour la production de lait, mais dans la moyenne pour la longévité. Grâce à la sélection génétique, le Québec produit ainsi autant de lait aujourd’hui que dans les années 1970 avec trois fois moins de vaches.

Une idée exportable

D’année en année, les producteurs doivent cependant garder en mémoire et analyser par eux-mêmes leurs choix de semences s’ils veulent continuer à améliorer leur cheptel. C’est ici que le logiciel novateur de Roger Cue et Bernard Ato Hagan entre en jeu. Des graphiques montrent les tendances de sélection génétique qui permettent non seulement de comparer le rendement d’un cheptel d’une année à l’autre, mais aussi par rapport à d’autres troupeaux.

La version québécoise du logiciel se base sur les données du Réseau laitier canadien qui fournissent notamment l’évaluation génétique des semences bovines. L’outil peut, par exemple, calculer si les choix d’un producteur placent son troupeau dans les 10 % supérieurs, dans la moyenne ou dans les 10 % inférieurs de rendement pour la production de lait. Au Ghana, le logiciel pourra être utilisé avec les données d’évaluation génétique des moutons et des chèvres.

« Notre outil est exportable à travers le monde, car il peut être adapté à plusieurs types de bétail », signale M. Cue. Le chercheur et son doctorant espèrent que l’industrie laitière québécoise – qui s’intéresse de près à leurs travaux – convertira le prototype en un logiciel commercialisable.  

Encore plus de lait!

Une bonne sélection génétique permet d’augmenter de 50 kg la production annuelle de lait par vache. Le logiciel de M. Cue pourrait porter cet accroissement à 60 kg.

Nathalie Kinnard, Agence Science-Presse