Environnement 29 juin 2022

Une rotation fourragère pour un meilleur rendement en grains

La culture maïs/soya occupe près de 750 000 hectares au Québec. Certaines pratiques culturales associées au modèle maïs/soya (par exemple : travail du sol annuel, quantités importantes de fertilisants azotés et de pesticides) ont des impacts sur la santé des sols, la qualité de l’eau, la biodiversité et le climat. Le travail réduit du sol ainsi que les cultures de couverture atténuent ces effets, mais des entreprises agricoles pourraient engranger plus de bénéfices en introduisant des plantes fourragères pérennes dans leurs rotations.

Les plantes fourragères pérennes en rotation avec le maïs permettent une augmentation du rendement en grains et favorisent une stabilité des rendements une année après l’autre. Les mélanges comprenant au moins une légumineuse permettraient d’atteindre les cibles fixées pour les indicateurs du Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030 : moins de pesticides, augmentation de la matière organique et de la couverture du sol, réduction des fertilisants azotés, meilleure santé des cours d’eau et biodiversité améliorée. En rétribuant des entreprises agricoles pour l’atteinte de certaines cibles environnementales, le PAD permet de récolter des bénéfices économiques, dès maintenant, pour une réduction des impacts sur l’environnement.

Pour certaines entreprises, le PAD favorisera une réintroduction des cultures fourragères pérennes dans les rotations maïs/soya. Parallèlement, on observe une augmentation de la demande pour du foin de commerce de qualité sur les marchés intérieurs et d’exportation. Une meilleure connaissance des besoins, davantage d’expertise technique (conseillers formés en plantes fourragères pérennes) et une démonstration claire de la profitabilité de ces cultures (tenant compte des bénéfices pour le sol et les autres cultures) favoriseront une augmentation des superficies en plantes fourragères.

Finalement, le spectre des changements climatiques nous rattrape plus rapidement que ce qui était anticipé. Avec près de 10 % des émissions totales de la province en équivalent CO2, l’agriculture fait partie du problème. Bien que le PAD favorise la séquestration de carbone en rétribuant l’augmentation du pourcentage de matière organique des sols, il n’en fait pas un objectif spécifique. La culture de plantes fourragères pérennes augmente le niveau de matière organique et, par extension, la quantité de carbone séquestré dans les sols. Cette « séquestration agricole » pourrait servir de base à une production alimentaire carboneutre. 

Guy Allard, Ph. D.,
Pôle d’expertise en plantes fourragères du Québec