Actualités 6 juin 2020

Sélection des inoculants lactiques et impact sur la qualité des ensilages

Qu’elles soient inoculées ou non, les récoltes de plantes fourragères entreposées dans un silo vont fermenter. Si la récolte est protégée de l’oxygène, le type de fermentation qui s’établit correspond à une fermentation lactique. Sans cette protection, le matériel va composter.

La fermentation lactique est due à l’activité d’un groupe de bactéries fort utile pour plusieurs types de fermentation en agroalimentaire, comme celle du yogourt, de la choucroute et même du chocolat. Il existe cependant plusieurs différences entre ces fermentations. La production de yogourt requiert des espèces particulières. Le Lactobacillus acidophilus est l’une des espèces fréquemment utilisées. Il ne faut toutefois pas chercher cette espèce dans un inoculant pour ensilage. Vous ne la retrouverez pas parce que les particularités de l’aliment à fermenter dictent les espèces qui y sont actives.

Une espèce pour un rôle

La fermentation des plantes fourragères dépend d’espèces telles que le Lactobacillus plantarum, le Lactobacillus buchneri, le Lactobacillus brevis ou le Pediococcus pentosaceus. Chacune de ces espèces a un rôle spécifique durant la fermentation et leur importance varie selon les conditions d’ensilement (teneur en matière sèche, disponibilité des sucres) et le type de fourrage (légumineuse, graminée, maïs-grain humide). C’est pour ces raisons qu’il est nécessaire d’utiliser un type d’inoculant pour la luzerne et un autre pour le maïs plante entière.

Il est nécessaire d’aller plus loin dans cette sélection. Tel que mentionné précédemment, la fermentation est au rendez-vous si le chantier d’ensilement est bien fait, que la densité du silo respecte les recommandations et qu’il n’y a aucun contact avec de l’oxygène.

Mais est-ce que cette fermentation aura la qualité requise? Tester la stabilité aérobie après l’ouverture de silos d’ensilage de maïs inoculés avec dix souches différentes de Lactobacillus buchneri a permis de comprendre ces différences. Après 60 jours d’ensilement, les silos expérimentaux n’ayant pas été inoculés se sont mis à chauffer après seulement 64 heures de contact avec de l’oxygène. Certains silos inoculés avec une des 10 souches de L. buchneri ont chauffé après 112 heures. Cependant, d’autres silos inoculés avec d’autres souches ont été stables pendant une période dépassant les 240 heures de contact avec de l’oxygène. Bien qu’appartenant à la même espèce, chaque souche de L. buchneri a des capacités distinctes. 

Pascal Drouin, Microbiologiste spécialisé pour les plantes fourragères et le sol, Lallemand Nutrition Animale