Actualités 22 mai 2021

Changements climatiques et plantes fourragères : effets attendus et exemples d’adaptation

Le climat du sud du Québec va considérablement évoluer dans les prochaines décennies sous l’effet des changements climatiques. À l’horizon 2050, et par rapport au climat observé entre 1981 et 2010, les modèles climatiques y projettent une augmentation de la température moyenne annuelle de l’ordre de 2,8 °C (+ 1,6 à + 3,6 °C selon les scénarios climatiques) ainsi qu’une légère augmentation des précipitations annuelles.

Ces changements climatiques vont affecter la saison de croissance des cultures, mais également la période hivernale, pendant laquelle se joue la survie des plantes pérennes et qui représente une période de risque important pour l’environnement.

L’allongement de la saison de croissance et les températures plus élevées permettront l’ajout de coupes supplémentaires dans la régie des plantes fourragères pérennes. Ceci permettra sans doute une augmentation des rendements potentiels annuels pour la plupart des mélanges ­graminées-légumineuses.

Cependant, les hivers plus doux avec un risque de pluie plus important et une diminution de la hauteur de neige pourront nuire à la survie hivernale des plantes pérennes. La valeur nutritive des fourrages est également susceptible d’être affectée par les changements climatiques. Cependant, l’adaptation du régime de coupe (plus de coupes, plus fréquentes) pourrait permettre de maintenir la valeur nutritive annuelle moyenne des fourrages au Québec.

Les rendements du maïs ensilage pourraient aussi bénéficier de la hausse des températures et de l’allongement de la saison de croissance, notamment dans les régions actuellement les plus froides du Québec. Toutefois, l’occurrence de stress hydrique et la pression de ravageurs et de mauvaises herbes pourraient limiter la hausse de rendement potentiellement attendue, mais peu d’études ont été réalisées sur ces aspects.

Finalement, face aux incertitudes liées aux changements climatiques, la diversification des cultures fourragères, incluant des plantes pérennes et des plantes annuelles, permettra probablement d’en limiter les risques. 

Guillaume Jégo, chercheur scientifique en modélisation des agro­écosystèmes chez Agriculture et Agroalimentaire Canada
Sylvestre Delmotte, consultant en agroenvironnement pour le projet Agriclimat