Page conseils 6 décembre 2021

Bactéries clés identifiant les porcelets sevrés en pleine forme

Le microbiote intestinal du porc abrite un nombre important de microorganismes qui contribuent à sa santé en stimulant la maturation de son système immunitaire et en produisant des éléments nutritifs (par exemple, les acides gras à chaîne courte) favorisant sa croissance. La structure et la composition du microbiote intestinal du porc sont largement déterminées par des facteurs tels que l’alimentation, l’âge, la génétique, les conditions environnementales, les infections microbiennes et l’exposition aux antimicrobiens.

Le sevrage est une phase critique de l’élevage porcin, puisqu’il est associé à des changements majeurs dans la composition du microbiote intestinal du porcelet qui prédisposent ce dernier aux infections microbiennes. En effet, durant cette phase, les porcelets sont sujets à plusieurs infections bactériennes, notamment celles causées par E. coli entérotoxinogène (ETEC et, notamment au Québec, les ETEC : F4), l’agent bactérien le plus impliqué dans la diarrhée colibacillaire post-sevrage (DCPS). Les études examinant le changement dans la composition du microbiote intestinal des porcelets présentant ce type de diarrhée colibacillaire clinique restent rares.

Le but de cette étude était de caractériser le microbiote fécal des porcelets à la suite d’une infection orale par ETEC : F4.

Un microbiote fécal différent

Les résultats de l’étude ont révélé que le microbiote fécal des porcelets était significativement différent entre des porcelets infectés et non infectés, et ce, du premier jour de l’infection jusqu’à la fin de l’expérience (35 jours après l’infection). Ces résultats soulignent que ETEC : F4 a engendré une modification persistante du microbiote fécal de porcelets, caractérisée par un changement de la composition et une diminution de la diversité au sein de ce microbiote. De plus, les analyses bio-informatiques ont identifié, pour la toute première fois, des populations bactériennes spécifiquement associées aux porcelets sains, tels que le genre Streptococcus ou la famille des Lachnospiraceae. Au contraire, le microbiote fécal chez les porcs infectés a été significativement associé à l’ordre de Burkholderiales. La diminution significative des marqueurs microbiens identifiés, tels que Streptococcus dans le microbiote fécal du groupe infecté, par comparaison au groupe contrôle à la fin de l’expérience, pourrait indiquer le retard de croissance observé chez les porcelets infectés.

Les résultats de cette étude contribuent à guider le développement de stratégies alimentaires (probiotiques) visant à réduire l’utilisation d’antimicrobiens à la ferme afin de contrôler la DCPS chez le porc tout en remédiant à l’altération des performances zootechniques des animaux durant cette phase critique de l’élevage porcin.

Adapté d’un article publié le 7 juillet 2021 dans la revue Microorganisms (mdpi.com/2076-2607/9/7/1459) 

Mohamed Rhouma, Charlotte Braley, William Thériault, Alexandre Thibodeau, Sylvain Quessy, Philippe Fravalo, Département de pathologie et microbiologie et Groupe de recherche et d’enseignement en salubrité alimentaire (GRESA), Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal