Ma famille agricole 24 février 2023

Des veaux aux petits soins qui le rendent bien

TRÈS-SAINT-SACREMENT — Originaire d’Écosse, la famille Anderson est arrivée par bateau à Montréal, en 1818. Encouragée à défricher et à exploiter un petit lot de terre dans l’ouest de la Montérégie, elle y a pris racine, et c’est maintenant une septième génération qui se prépare à poursuivre le travail aux Anderson Farms, fondées en 1821.

Dans la petite municipalité de Très-Saint-Sacrement, majoritairement agricole, un fort esprit de communauté traverse les vastes champs plats de la région, qui compte des terres très fertiles exploitées par autant de producteurs agricoles anglophones que francophones. La ferme laitière de la famille Anderson fait partie du paysage depuis 1821.

D’abord de taille modeste, cette ferme a pris de l’expansion à travers les générations, avec des acquisitions qui ont permis d’ajouter à la production laitière une culture de 486 hectares de maïs, de soya, de blé et de luzerne, en plus d’une érablière de 9 000 entailles.

Les frères Mark et Danny Anderson sont aujourd’hui à la tête de l’entreprise. Le premier s’occupe principalement de la ferme laitière, et l’autre, des grandes cultures. Ils ont officiellement repris la ferme familiale de leurs parents, Robert et Penny, en 1997. Quelques années plus tard, en 2008, ils ont donné « un gros boost » en achetant un bloc de 182 hectares et en doublant le troupeau laitier, qui est passé de 50 à 100 vaches en lactation, lesquelles ont été relocalisées dans des bâtiments neufs. « Ç’a été une grosse étape », raconte Mark Anderson, qui montre avec fierté ses deux bâtiments d’élevage, dont une pouponnière.

Les installations en stabulation libre sont divisées en vastes sections où les groupes évoluent de la naissance jusqu’aux derniers mois de leur vie active en production. « Ce sont des animaux très sociaux, alors on a décidé de créer un environnement qui prend en compte leur caractère naturel, pour qu’ils restent en groupe dès la naissance, avec beaucoup d’espace », mentionne-t-il.

Les vaches en gestation ont également accès à de petites sections isolées pour vêler à l’abri des regards, ce qui évite beaucoup de complications pendant l’accouchement et favorise une meilleure santé des veaux, constate Jodi Wallace, l’épouse de Mark. Celle qui s’implique à la ferme très tôt le matin, avant d’aider les enfants à se préparer pour l’école, est aussi vétérinaire de grands animaux à l’hôpital vétérinaire d’Ormstown.

Ses connaissances ont orienté plusieurs décisions d’entreprise, notamment lors de l’agrandissement de la ferme en 2008. Car, selon Mme Wallace, miser sur la prévention des maladies et le bien-être dès les premiers jours des veaux est garant d’une meilleure santé générale du troupeau, lequel offre ensuite de meilleures performances à long terme. Cette stratégie donne de bons résultats. « Nous avons une moyenne de 11 300 litres [de lait par vache annuellement], alors que la moyenne nationale est de 10 300 litres. Notre objectif est bien sûr de rattraper les plus performants, qui sont à 12 000 litres », souhaite Mark Anderson.

La ferme a pris de l’expansion à travers les générations, avec des acquisitions qui ont permis d’ajouter à la production laitière une culture de 486 hectares de maïs, de soya, de blé et de luzerne. Photo : Gracieuseté de la famille Anderson

Perte de 90 % du troupeau

Si aujourd’hui, tout semble aller sur des roulettes pour la famille Anderson, qui est d’ailleurs en lice dans la catégorie or de l’Ordre national du mérite agricole, cela n’a pas toujours été le cas. En 2012, 90 % du troupeau laitier a été infecté par le parasite Niespora caninum.
« C’est présent dans les excréments de coyotes ou de chiens errants. Il y en a un qui s’est introduit dans la ferme et les excréments ont été mélangés, sans qu’on le sache, au foin servant à nourrir les animaux. Presque toutes nos vaches ont été infectées », se remémore douloureusement M. Anderson, qui qualifie cette expérience d’une des plus difficiles qu’ils aient eu à vivre à la ferme.

Néanmoins, la famille s’est retroussé les manches et a acheté un nouveau troupeau en entier. « On a perdu beaucoup d’argent avec cette badluck, parce que nos assurances couvraient absolument tout, sauf ça », regrette encore le producteur laitier. 

Le ferme, construite en 2008, mise sur le bien-être des vaches, avec de vastes espaces où elles évoluent en petits groupes. Photo : Patricia Blackburn/TCN

Le bon coup de l’entreprise

La pouponnière des Anderson Farms exerce un pouvoir d’attraction sur des producteurs laitiers de l’Ontario, des États-Unis et du Québec, qui viennent visiter les installations pour reproduire le modèle chez eux. « On est allés à l’inverse de la tendance actuelle, qui est de s’équiper avec des louves [des robots soigneurs]. Ça coûte moins cher, et ça nous permet d’adapter les soins plus facilement », explique Mark Anderson. L’idée derrière le concept est de mettre beaucoup d’efforts sur la santé des veaux dès leur naissance pour qu’ils ne manquent de rien. « C’est simple, mais ça marche, car on arrive à doubler le poids des veaux plus rapidement que l’objectif, qui est de 56 jours après leur naissance », décrit-il.

L’une des tâches préférées de Jonathan Anderson est de venir à la pouponnière pour s’occuper des veaux, qui sont dorlotés dès leur premier jour de vie. Photo : Patricia Blackburn/TCN
L’une des tâches préférées de Jonathan Anderson est de venir à la pouponnière pour s’occuper des veaux, qui sont dorlotés dès leur premier jour de vie. Photo : Patricia Blackburn/TCN

3 conseils pour une cohabitation familiale harmonieuse

  • Aller se calmer en forêt

Le travail en famille, ce n’est pas toujours facile. À travers le temps, Danny Anderson et son frère Mark ont appris à exploiter le calme que leur procure une sortie en forêt quand ils ne sont pas d’accord à propos d’une décision concernant l’entreprise. « On va couper un peu de bois et après, ça va toujours mieux. Ça aide à prendre du recul et à trouver des solutions », confie Danny Anderson.

  • Aménager une patinoire pour profiter de l’hiver

L’hiver, la patinoire aménagée chez les Anderson sert de point de rassemblement après les journées de travail et d’école, non seulement pour les membres de la famille, mais aussi pour une partie du voisinage. Cet attrait a aussi permis d’initier les enfants à différentes notions de mécanique, puisqu’ils ont développé, avec l’aide de leur père, une surfaceuse maison avec un vieux tracteur à gazon et un bidon qui est rempli avec l’eau tiède servant à nourrir les veaux.

  • Prendre des vacances sans quitter ses vaches

Parmi les valeurs de la famille Anderson, il y a celle de ne jamais négliger les moments en famille malgré les horaires chargés de chacun. Pendant l’été, la famille profite, par exemple, des vacances scolaires pour faire du camping sur un terrain qu’elle possède en bordure d’une rivière et en emmenant avec elle quelques vaches au pâturage.

Pendant l’été, la famille profite des vacances scolaires pour faire du camping en emmenant avec elle quelques vaches au pâturage. Photo : Gracieuseté de la famille Anderson
Fiche technique 🐄🌾🍁
Nom de la ferme :

Anderson Farms

Spécialité :

Lait, grandes cultures et sirop d’érable

Année de fondation :

1821

Noms des propriétaires :

Mark et Danny Anderson

Nombre de générations :

6

Superficie en culture :

486 hectares

Cheptel :

100 vaches en lactation


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