Politique 6 avril 2018

Une politique ambitieuse, mais des moyens limités

NOTRE-DAME-DE-L’ÎLE-PERROT — C’est en grande pompe que la Politique bioalimentaire 2018-2025 a été lancée le 6 avril par le premier ministre et quatre de ses ministres dans le magasin de la Ferme Quinn. Elle a été reçue positivement par les représentants du monde agricole et de l’industrie.

« J’aime la ruralité, j’aime l’agriculture », a affirmé le premier ministre Philippe Couillard d’entrée de jeu, en précisant que tous les Québécois ont un lien avec l’agriculture, ne serait-ce que par le contenu de leur assiette.

Les ministres ont confirmé les différentes mesures budgétaires pour un total de 349 M$ supplémentaires, tel que précisé par le ministre des Finances le 27 mars. Le gouvernement a même calculé que le 1 G$ par an consacré par Québec et Ottawa dans le secteur agroalimentaire devrait servir de levier pour des investissements privés pour un total de 5 G$ sur cinq ans.

Les cibles de la Politique seront vérifiées régulièrement. « Si c’est important [les cibles], ça doit être mesuré », a expliqué le premier ministre, qui veut instaurer un « dialogue permanent » par le biais d’une rencontre annuelle des partenaires qu’il entend présider en 2019 s’il est réélu. Un examen des lois et règlements pertinents aux 10 ans est par ailleurs proposé dans la Politique, dans le but d’atteindre les cibles.

Quatre orientations

La Politique bioalimentaire détaillée sur 105 pages est axée sur quatre orientations :

  • Une offre de produits répondant aux besoins des consommateurs;
  • Des entreprises prospères, durables et innovantes;
  • Des entreprises attractives et responsables;
  • Des territoires dynamiques contribuant à la prospérité du bioalimentaire.

« C’est la première politique bioalimentaire gouvernementale », a lancé Laurent Lessard, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, qui était visiblement ému et a été chaleureusement applaudi par la salle qui comptait plusieurs représentants du monde agricole et de l’industrie.

Politique_bioalimentaire_cibles

Financement insuffisant

« C’est une bonne nouvelle. On a enfin une politique et des cibles ambitieuses », a mentionné Marcel Groleau, immédiatement après le dévoilement. Ce dernier fait cependant valoir que 350 M$ sur cinq ans pour réaliser la Politique est un montant « relativement mineur » si on le compare aux revenus à la ferme de 8,2 G$ par an et au soutien versé à d’autres industries.

Une énorme avancée pour la relève

Mise de l’avant dans trois des quatre orientations de la Politique bioalimentaire, la relève agricole y est omniprésente. « On sent une réelle volonté gouvernementale de s’attaquer à plusieurs défis [auxquels nous faisons face], ce qui est une énorme avancée en soi », indique la présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ), Julie Bissonnette.

Cependant, soutient-elle, les actions concrètes du gouvernement pour aider la relève à être propriétaire de sa terre dans un univers où évoluent des fonds d’investissement comme Pangea, ne sont nullement mentionnées dans la Politique.

Les transformateurs s’y retrouvent

Le Conseil de la transformation alimentaire du Québec accueille favorablement la Politique bioalimentaire. « On y retrouve nos grandes priorités, dont la main-d’œuvre, indique sa PDG, Sylvie Cloutier. C’est très positif, mais on est encore à éplucher la Politique. » Quant aux 75 M$ supplémentaires alloués à la transformation alimentaire dans le tout récent budget provincial, « le plus important secteur manufacturier au Québec » espérait un peu plus, soit 100 M$, précise Mme Cloutier.