Alimentation 21 octobre 2022

Alimentation des chevaux : mythes et réalités

Lorsqu’il est question d’alimentation des chevaux, il persiste encore de nombreux mythes qui ne servent pas nécessairement les intérêts de l’animal.

Zoom sur trois des principaux mythes à démystifier.

Foin de bonne qualité et suppléments

Encore beaucoup de gens affirment qu’avec un foin de bonne qualité, l’ajout de suppléments de vitamines, de minéraux ou d’aliments concentrés n’est pas nécessaire pour les chevaux au repos. Cette affirmation est pourtant fausse et cette pratique peut mener à des carences importantes chez l’animal, à moyen ou à long terme.

En effet, un foin de bonne qualité peut combler les besoins en énergie du cheval au repos, et même parfois ceux du cheval à l’exercice léger. Il devrait également permettre de combler les besoins en protéine relatifs à son entretien et à son activité. 

Cependant, il n’y a pas que l’apport en protéine et l’état de chair de l’animal à considérer; les apports en vitamines et en minéraux ne doivent pas non plus être négligés. Un cheval peut à la fois présenter une belle cote de chair et souffrir de carences nutritives graves et c’est principalement par rapport à ses besoins en vitamines et en minéraux que l’enjeu se situe.

Le foin produit au Québec, même d’excellente qualité, ne permet pas de combler tous les besoins nutritionnels des chevaux. C’est vrai pour le sélénium et la vitamine E, le zinc, la vitamine A et la vitamine D. D’ailleurs, les besoins des juments reproductrices, des poulains en croissance et des chevaux très actifs sont particulièrement élevés quant à ces derniers nutriments.

Aussi, un supplément de vitamines et de minéraux peut compléter la ration de foin facilement et permettre de combler l’ensemble des besoins. Dans certains cas, un ajout d’aliments concentrés peut aussi être nécessaire pour combler les besoins en énergie. S’il y a carence énergétique, le cheval présentera une cote de chair déficiente, un signe qui ne ment pas.

Les fourrages, essentiels

Pour le cheval, qui est un herbivore non ruminant, les fourrages doivent rester l’aliment principal dans la ration. Une alimentation composée seulement de grains, de concentrés ou de suppléments ne contient pas suffisamment de matières fibreuses pour assurer le bon fonctionnement de son système digestif.

De même, l’équilibre de la ration ne peut être assuré par l’ajout de grains (orge, avoine, maïs), car ces aliments, bien que riches en énergie, sont dépourvus de plusieurs nutriments importants essentiels aux besoins du cheval. Sans compter que leur teneur élevée en amidon et en glucides peut participer au développement de problèmes de santé et de comportement. Plusieurs fournisseurs d’aliments pour chevaux offrent gratuitement le service-conseil et l’analyse de foin pour établir une ration équilibrée et adaptée aux besoins spécifiques de votre cheval.

La neige pour combler les besoins en eau?

Selon un autre mythe, les chevaux gardés à l’extérieur l’hiver peuvent combler leur besoin en eau en ingérant de la neige.

Sachant qu’un cheval consomme entre 30 et 60 litres d’eau par jour, il est impossible pour lui de consommer suffisamment de neige (10 L de neige équivalent à environ 1 L d’eau) pour combler ses besoins. De plus, la neige ingérée par le cheval refroidit son organisme et entraîne une importante perte d’énergie.

Déjà, les chevaux n’aiment pas l’eau très froide et ont tendance à diminuer leur consommation par temps froid, ce qui augmente les risques de coliques par impaction et d’obstruction de l’œsophage. Pour maintenir son hydratation, le cheval doit avoir accès en tout temps à de l’eau propre et, idéalement, tempérée (7 à 18 °C). L’hiver, cela peut représenter un défi de taille, mais plusieurs options peuvent être envisagées pour assurer l’approvisionnement en eau à l’extérieur, comme l’abreuvoir chauffant. Peu importe la solution retenue, une vérification quotidienne de l’état de l’eau est essentielle; les signes de déshydratation peuvent apparaître après seulement quelques heures et les conséquences peuvent être graves.

Avec ces quelques trucs et conseils, vous voilà mieux outillés pour optimiser la santé et le bien-être de votre compagnon! 

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Isa Boucher, enseignante et chef d’équipe du programme Techniques équines à l’ITAQ