Actualités 18 décembre 2017

Les Serres Bertrand se lancent dans le cannabis

MIRABEL — Stéphane Bertrand s’associe avec le géant canadien Canopy Growth pour produire, à terme, 60 000 kg de cannabis par année.

C’est ce qui a été annoncé en conférence de presse le 18 décembre dans la boutique de l’entreprise de Mirabel.

L’entente sera cependant conditionnelle à la délivrance par Santé Canada du permis de production de la nouvelle exploitation, Les Serres Vert Cannabis (Vert Mirabel). La demande a été envoyée à Ottawa le matin même de l’annonce.

Dans un premier temps, la serre ne cultivera que du cannabis médical, mais les dirigeants n’excluent pas la possibilité d’en produire à usage récréatif à plus long terme.

C’est une entente que les promoteurs qualifient d’historique pour la production québécoise de marijuana. Les serres de Mirabel pourront combler jusqu’à 40 % de la consommation du Québec, croient les partenaires.

« Je pense que mon savoir-faire en tant que producteur va leur servir et ce qu’eux ont comme réseau de mise en marché, c’est quelque chose que je ne connais pas, d’où mon intérêt d’embarquer avec eux dans cette aventure-là », a affirmé Stéphane Bertrand, partenaire à 33,3 % dans Vert Mirabel.

Lors de l’annonce, le propriétaire des Serres Bertrand, Stéphane Bertrand (au centre), a pris la parole aux côtés du chef de marque de Canopy Growth, Adam Greenblatt (à droite).  Crédit photo : Myriam Laplante El Haïli/TCN
Lors de l’annonce, le propriétaire des Serres Bertrand, Stéphane Bertrand (au centre), a pris la parole aux côtés du chef de marque de Canopy Growth, Adam Greenblatt (à droite). Crédit photo : Myriam Laplante El Haïli/TCN

Adapter la production

Rendre conformes les 700 000 pieds carrés de serres à Mirabel aux exigences de Santé Canada requerra un investissement privé de 15 M$. La construction d’une voûte en béton, la transformation du centre de distribution et d’emballage de tomates qui sera adapté pour le cannabis, et l’installation de salles de séchage ainsi que de matériel de sécurité seront nécessaires.

« En général, la culture de cannabis en serre est plus efficace que la production à l’intérieur. On utilise moins d’électricité, on travaille à une échelle bien plus grande et avec ce partenariat, nous espérons augmenter notre efficacité de production ici et dans tous nos autres sites de production », a indiqué Adam Greenblatt, chef de marque de Canopy Growth au Québec. Les coûts de production sont présentement à 2,50 $ le gramme, mais l’entreprise prévoit les réduire, notamment grâce à ce partenariat.

« On estime que le rendement économique total de ce projet-là sera en excès de 100 M$ par année », confirme M. Greenblatt. Celui des Serres Bertrand est actuellement de 10 M$ par année.

La culture de cannabis sera d’abord hydroponique, mais pourrait changer étant donné le désir d’en produire du biologique dans les serres de Mirabel. Contrairement aux tomates qui poussent en continu, la marijuana est récoltée quatre ou cinq fois par année.

Un centre d’interprétation du cannabis est également envisagé à Mirabel, pour « déstigmatiser » la drogue, dit M. Greenblatt. Ce dernier invite d’ailleurs le gouvernement du Québec à s’asseoir à sa table pour mettre sur pied un projet pilote de vente de cannabis sur place.

Si le permis arrive à temps, la production débutera en mai 2018. L’objectif est d’alimenter le marché du Québec le plus rapidement possible pour éviter une éventuelle pénurie de marijuana, a indiqué M. Greenblatt. L’homme n’a pas exclu la possibilité d’établir davantage de partenariats avec d’autres producteurs en serre de la province.

Tomates

Les Serres Bertrand ne s’arrêteront pas de cultiver des tomates roses, leur produit phare, mais le feront en plus petite quantité. La superficie en production passe de 700 000 à 100 000 pieds carrés dans la serre neuve de Lanoraie. Plantées la semaine dernière, les premières tomates seront récoltées dans trois semaines. Les clients ont été avertis du changement de cap de l’entreprise le matin de l’annonce. « On est en bons termes avec eux », affirme Steeve Bertrand, le fils de Stéphane actuellement employé dans la ferme.