Vie rurale 6 juin 2019

Une histoire de caca

Élever des enfants dans une ferme apporte son lot de moments cocasses. Parmi ceux-ci, j’ai choisi de vous faire un spécial caca!

Je ne sais pas si c’est partout pareil, mais chez moi, mes enfants sont devenus experts dans l’art de se couvrir de merde. Depuis leur tendre enfance, ils ont le don d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Même bien couchés et tranquilles dans leur poussette, c’était immanquable, il fallait qu’une vache décide de tousser en déféquant. J’imagine que je n’ai pas besoin de vous faire un dessin de la scène : une belle explosion de couleur brunâtre.

Un peu plus vieux, une fois que leurs petites jambes étaient assez solides pour leur permettre d’explorer, mais pas assez pour esquiver les obstacles, ce n’était pas rare de les retrouver face première dans le dalot. Par chance, un mélange de fumier, d’urine et de paille, ça fait un très bon coussin amortisseur.

Et l’on en a entendu, des cris de mort, parce que leurs jouets étaient tombés dans le dalot ou qu’ils avaient été aspergés par une vache en train de faire caca. Si j’avais été payée chaque fois que j’ai ramassé un jouet plein de merde et traversé l’étable pour aller le laver dans la laiterie, je serais riche aujourd’hui. Parfois, les enfants s’amusaient volontairement avec le fumier pour faire comme papa qui l’épand dans les champs. Mais pour l’imiter, c’est dans l’allée qu’ils le faisaient.

Puis est venu le temps où ils étaient assez grands pour aider. L’une des premières tâches que nous leur avons attribuées a été de nettoyer les logettes en y enlevant les tas de fumier. Encore là, ils ont trouvé le moyen de revenir totalement sales. La plupart du temps, ils font lever une vache qui a -l’arrière-train dans une belle flaque. Un petit coup de queue de la part de la bête, et vlan! Un enfant bien peinturé en brun. Quand ils veulent aller trop vite, ils trébuchent parfois sur la raclette et les voilà les jambes en l’air et les fesses dans le caca.

On a beau être découragé de nos enfants qui finissent trop souvent éclaboussés par le fumier, mais il n’y a rien de mieux que de les élever à la campagne. C’est un mal pour un bien. Croyez-moi, il y a beaucoup plus d’avantages de les avoir avec nous à la ferme. Si jamais un jour on trouve au fumier des vertus extraordinaires sur l’épiderme, je comprendrai pourquoi mes enfants ont une belle peau et je vais me lancer dans la production de pots de crème. C’est une ressource inépuisable que j’ai en très grande quantité. De quoi devenir millionnaire

Christine Aubin, Agrimom.