Vie rurale 15 janvier 2021

Une étude pour mieux protéger les agriculteurs des stéréotypes

Une étude pilotée par l’École de travail social de l’Université de Sherbrooke cherche à identifier les facteurs influant de manière positive sur la santé mentale des hommes travaillant dans le domaine agricole.

« Jusqu’ici, les recherches se sont beaucoup attardées aux problèmes vécus par les agriculteurs, mais pas souvent aux points positifs de leur vie. C’est ce que nous cherchons à mieux cibler avec ce projet afin de faire ressortir les facteurs de protection plutôt que les facteurs de risques », résume Philippe Roy, professeur à l’Université de Sherbrooke et responsable du projet de recherche.

Philippe Roy
Philippe Roy

L’une des pistes qui seront étudiées se base sur des liens qui ont été établis entre la santé mentale et les stéréotypes de genre.  « Nous avons constaté que les agriculteurs étaient doublement affectés par ces stéréotypes, qui leur dictent par exemple d’être le pourvoyeur de la famille ou de s’arranger seuls, sans demander d’aide, explique Philippe Roy. C’est comme s’ils avaient deux couches de normes sur les épaules : celle liée à leur genre masculin et celle liée au monde de l’agriculture. Un agriculteur avec qui je discutais a très bien résumé cette idée en me disant :  »Les hommes n’ont pas d’émotions et les agriculteurs en ont encore moins » », illustre-t-il.

En aidant les hommes à cibler des facteurs de protection, le professeur espère donc pouvoir les aider à mieux gérer la pression exercée par ces stéréotypes. « Nous avons d’ailleurs constaté que les hommes qui se dégageaient de ces stéréotypes s’en sortaient généralement mieux », précise-t-il.

Candidats recherchés

L’étude se fera sous un mode « participatif » avec une quarantaine d’agriculteurs qui se porteront volontaires. La période de recrutement est d’ailleurs toujours en cours. Les participants seront d’abord invités à prendre des photos « des petites choses de leur quotidien qui les rendent heureux, explique M. Roy, comme un bureau sans paperasse, leurs animaux ou des membres de leur famille ». Les photos serviront ensuite de base à des discussions en petits groupes qui se dérouleront pendant l’hiver en visioconférence.