Ma ferme, mon monde 21 septembre 2020

Un jeune employé sans expérience? Pourquoi pas!

La pénurie de main-d’œuvre frappe partout au Québec et l’agriculture en souffre tout autant que les autres ­secteurs. À la Ferme Manic, de Saguenay, on n’a pas baissé les bras. La décision a été prise d’embaucher un jeune qui n’avait aucune expérience, mais d’investir dans son apprentissage en lui permettant d’acquérir de la compétence grâce à l’accompagnement du ­producteur comme mentor.

Cette ferme familiale de 170 acres, propriété de Dominique Lapointe, de son fils Jocelyn et de son épouse Chantale Bouchard, compte 75 vaches, dont 45 en lactation. On y produit presque tout le foin nécessaire. Il va sans dire que l’entreprise agricole a besoin de main-d’œuvre.

« J’aime mieux travailler avec des jeunes que des gars de mon âge, estime Jocelyn, 57 ans, qui est devenu le mentor du jeune John Edward Noiseux, 26 ans. C’est plus facile de gérer un employé inexpérimenté parce qu’il n’a pas encore développé ses habitudes de travail. »

Le producteur a participé au programme FermEmploi et dit avoir également beaucoup appris de ses trois fils et de son épouse pour développer son approche en ­gestion des ressources humaines avec les jeunes. « Quand mes trois garçons étaient flos, dit-il, nous ­arrivions toujours les derniers dans les soupers de famille, après la traite. Mes gars s’en plaignaient. Aujourd’hui, on finit la traite vers 17 h 30 et John peut rentrer chez lui et profiter de sa vie de famille. »

Ce n’est là qu’un exemple de l’ouverture d’esprit et de l’adaptabilité qui caractérisent Jocelyn en ce qui a trait à la gestion de ses ressources humaines. Ce dernier dit avoir une approche positive avec son employé inexpérimenté qui, selon lui, aurait été incapable au départ de fixer une vis.

« J’ai travaillé ailleurs quand j’étais plus jeune, j’ai dû faire des tâches déplaisantes et je me suis parfois fait botter le derrière. C’était difficile et je ne veux pas faire vivre ça à John », raconte Jocelyn. Il préfère miser sur les forces de son jeune employé plutôt que sur ses faiblesses. Même si un travail est moins bien réalisé, ­l’employeur utilisera la transmission de connaissances afin que ce soit mieux la prochaine fois. « Tous mes commentaires se terminent sur une note positive », insiste-t-il.

Selon Jocelyn Lapointe, John est devenu un atout pour l’entreprise. Il prend de plus en plus confiance et devient autonome. « Je peux m’absenter et lui confier la traite maintenant », se réjouit-il.

Au baptême du petit bébé de John, sa famille s’est dite heureuse des changements positifs observés dans la vie de ce dernier depuis qu’il est à l’emploi de la Ferme Manic, rapporte Jocelyn. « John et sa conjointe nous ont demandé, mon épouse et moi, d’être marraine et parrain de l’enfant. On a réfléchi et on a dit… pourquoi pas! »