Vie rurale 11 janvier 2019

Travailler à la ferme sans bras ni jambes

QUÉBEC — Chris Koch est un agriculteur comme les autres. À Nanton en Alberta, il utilise la machinerie, donne à manger aux bœufs et participe aux activités de la ferme. Cependant, il est né sans bras ni jambes. « Tout ce que vous pouvez faire, je suis aussi capable de le faire », a-t-il affirmé lors d’une éloquente conférence empreinte d’humour au Porc Show, le 12 décembre. Mais c’est un message plus profond qu’il souhaitait transmettre à l’auditoire ce jour-là : « Si je peux, vous pouvez aussi. »

Travail

Lorsqu’il ne donne pas de conférences, Chris travaille à la ferme. Sa condition physique lui permet de se mouvoir en sautillant sur son pied valide. Il a déjà essayé de porter des membres artificiels, mais il ne les trouvait pas confortables. Quand il s’est rendu compte qu’il se déplaçait plus rapidement en planche à roulettes, cette dernière est devenue, même à la ferme, son fidèle bras droit, ou plutôt son pied gauche.

Très jeune, il a appris à être autonome et indépendant à la ferme. Personne n’a besoin de l’accompagner ou de le superviser lorsqu’il y travaille aujourd’hui. Agile de ses moignons, il manipule facilement des instruments comme le râteau, le téléphone cellulaire et la machinerie agricole. Exécuter ses tâches lui prend peut-être un peu plus de temps et d’énergie qu’à d’autres, mais il y parvient. La machinerie, sans pédale d’embrayage, est adaptée à sa condition. « Je grimpe à l’échelle, m’installe et manœuvre la machine sans avoir besoin d’y apporter des modifications, explique-t-il. J’adore cette liberté. Je peux passer des heures et des heures dans un tracteur. »

Rire

Comment fait-il pour être aussi positif? Certainement grâce à son sens aiguisé de l’autodérision et de l’humour, que partagent les autres membres de sa famille. Quand sa grand-mère a appris, le jour de sa naissance, qu’il n’avait ni bras ni jambes, elle ne s’est pas lamentée ou sentie désolée pour son petit-fils. Elle a plutôt affirmé à son fils Bruce qu’il n’avait, de toute façon, pas l’habitude de terminer ce qu’il commençait!

« Je ne pouvais pas entreprendre ma vie sur une meilleure note que celle-là, a-t-il affirmé à Québec. Si nous ne pouvons pas rire de la vie, de quoi pouvons-nous rire? Nous avons tous des mauvaises journées et il est facile de laisser la frustration prendre le dessus. Trouver le plaisir dans une situation pénible aide à passer par-dessus », explique celui qui se relève tout juste d’une rupture amoureuse. Pour se remettre de ce passage difficile cet été, Chris a enfourché sa planche à roulettes et a traversé le Canada, de l’Alberta aux provinces maritimes. 

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Si Chris partage son histoire, c’est aussi pour donner de la perspective aux producteurs relativement aux défis que la vie peut mettre sur leur chemin. « J’aime l’agriculture parce que c’est un travail où l’on ne s’attend pas à voir un gars sans bras ni jambes. J’aime me prouver ce dont je suis capable et le prouver aux autres. Avec un peu de chance, peut-être que ces gens se regarderont et se diront : “Je peux placer la barre un peu plus haut dans ma propre vie.” »  

Si Chris Koch partage son histoire, c’est aussi pour donner de la perspective aux gens relativement aux défis que la vie peut mettre sur leur chemin. Crédit photo : Myriam Laplante-El Haïli / TCN
Si Chris Koch partage son histoire, c’est aussi pour donner de la perspective aux gens relativement aux défis que la vie peut mettre sur leur chemin. Crédit photo : Myriam Laplante-El Haïli / TCN