Vie rurale 1 novembre 2017

Ne rien précipiter et bien s’entourer

Avec le recul, la famille Dumontier n’hésite pas à le dire : avant de faire sa réclamation d’assurance, elle aurait dû solliciter les services d’un expert indépendant afin d’évaluer la valeur de son étable laitière, qui était une perte totale à la suite de l’incendie.

Éric Dumontier croit qu’il aurait pu maximiser le montant de son indemnisation en faisant appel à un expert. Chose certaine, il prendra le temps de demander une estimation de la valeur de son étable une fois les travaux terminés pour faire ajuster sa police d’assurance au besoin.

Selon Denis Larouche, agronome et directeur général du Groupe multiconseil agricole du Saguenay–Lac-Saint-Jean, il y a « indéniablement » une négociation à entreprendre avec l’assureur avant d’accepter une entente finale. « L’expert en sinistre indépendant va cibler un montant à atteindre pour négocier, faire les représentations auprès de l’assureur et maximiser les sommes à recevoir pour chacune des closes inscrites au contrat. »

Ce rapport de force est donc à considérer, même si l’assureur démontre qu’il souhaite parvenir à un bon règlement avec son client. « Parfois, on n’a pas encore obtenu la réponse de l’assureur et on commence à reconstruire. Il y a une inquiétude qui s’installe quant au montant à recevoir », poursuit Denis Larouche.

De plus, il est important d’effectuer une révision chaque année afin de faire réajuster la couverture d’assurance en fonction des nouveaux biens acquis, de la taille du troupeau ou pour ajouter un oubli, souligne pour sa part Luc Gagné, conseiller en gestion d’entreprises agricoles au Groupe de gestion agricole de l’Ontario.

Certains détails peuvent changer considérablement la donne. « Avez-vous vérifié les dimensions réelles de vos vieux bâtiments? Une erreur de cinq pieds sur la longueur peut faire une bonne différence quant à l’indemnité à recevoir », peut-on lire dans l’aide-mémoire produit par le conseiller.

Saisir de nouvelles opportunités

Même si la plupart des producteurs ayant eu à composer avec les conséquences d’un incendie choisissent de reconstruire leurs bâtiments, un temps de réflexion s’impose. « Quand on passe au feu, on doit évaluer toutes les possibilités », soutient M. Larouche.

C’est l’occasion, entre autres, d’étudier les différentes options de mécanisation de l’équipement. Pour sa part, M. Dumontier est allé à la rencontre d’autres producteurs pour leur demander conseil, ce qui lui a permis de cibler de nouvelles options qui correspondaient à son budget.

Au-delà de l’évaluation de la couverture d’assurance, le conseiller peut proposer une rencontre interprofessionnelle avec un ingénieur, un agronome spécialisé en environnement ou encore un autre producteur ayant vécu une situation similaire. « Mon objectif, c’est de soutenir l’agriculteur dans sa prise de décision et de mettre des chiffres là où d’autres n’osent pas en mettre. Je ne vends aucun produit lié, mais plutôt des services-conseils », précise M. Larouche.

Ce qu’il faut considérer avant de reconstruire

– Faire la liste des biens perdus, visiter d’autres fermes afin de se remettre en mémoire l’équipement que l’on possédait;

– Valider les stocks le plus précisément possible et recueillir des preuves pour confirmer ses chiffres (registre, fiche récolte, etc.);

– Faire appel à un conseiller en gestion pour faciliter les calculs des pertes;

– Valider le montant à recevoir des assurances. Si ce n’est pas assez, il faudra trouver d’autres sources de financement;

– Garder en tête que les assurances ne sont pas là pour améliorer sa situation, mais plutôt pour remplacer des biens qui ont été détruits.

Source : Luc Gagné, agronome au Groupe de gestion agricole de l’Ontario.

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