Vie rurale 12 décembre 2018

Un mauvais remorquage cause la mort d’un agriculteur

La mort de l’agriculteur Steev Larose, l’an dernier, est attribuable à de mauvaises méthodes de remorquage d’un tracteur enlisé, a conclu la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) dans son rapport d’enquête publié le 4 décembre. 

L’accident s’est produit le 18 mars 2017 à Saint-Isidore dans la région de Chaudière-Appalaches. En voulant déprendre son tracteur de la neige à l’aide d’un autre tracteur, Steev Larose a reçu un fragment de métal à la tête provenant d’une manille qui a cédé. Cette dernière était trop faible pour le poids de 12,2 tonnes du tracteur enlisé auquel s’ajoutait la résistance créée par la neige. 

Cet accident mortel a laissé dans le deuil la conjointe du producteur de lait de même que leurs quatre enfants. 

Procédure commune

Ce n’est pas rare, dans le domaine agricole, de devoir désembourber un tracteur de la boue ou de la neige. En ce sens, le présent rapport de la CNESST s’avère pertinent et les recommandations émises peuvent sauver des vies. 

Le drame survient le 17 mars, vers 22 h 15, alors que M. Larose déneige le chemin menant à une cabane à sucre. Lors du retour, il s’endort, épuisé, au volant du tracteur qui s’enlise dans le fossé. 

Le lendemain matin, son employé et lui s’affairent à déprendre l’engin. Les trois premières tentatives de remorquage sont infructueuses : les roues des deux tracteurs patinent. L’agriculteur l’ignore, mais ces trois tentatives ont créé de multiples fissures dans l’acier de la goupille, comme le révélera le rapport d’expertise du Centre métallurgique du Québec. Au quatrième essai, l’employé de M. Larose accélère jusqu’au bout du câble. La manille et la goupille cèdent. Une partie de la manille est alors projetée vers le tracteur de M. Larose, traverse la vitre arrière et l’atteint mortellement à la tête. La pièce poursuit sa course et fracasse le pare-brise. 

Recommandations

La CNESST explique dans son rapport que la planification de l’opération de remorquage était déficiente. D’une part, il aurait fallu estimer le poids du tracteur et s’assurer que les accessoires utilisés, les manilles, les câbles et la chaîne étaient de capacité suffisante. D’autre part, il aurait fallu décrocher le souffleur à l’avant et enlever la neige derrière les roues afin de faciliter le remorquage par l’autre tracteur, qui était de plus petite taille que celui qui était enlisé. 

Un mauvais choix de goupille peut être meurtrier

Le rapport d’expertise du Centre métallurgique du Québec a révélé que la goupille responsable de la mort de Steev Larose affichait un diamètre différent de celui de la manille, soit 25 mm (1 po), contre 20 mm (3/4 po). Cette goupille provenait d’une autre manille de capacité inférieure. Non seulement elle était plus faible, mais son diamètre était trop petit par rapport à l’orifice de la barre d’attache du tracteur. Sous l’effort, la goupille a alors forcé en diagonale, une charge non répartie dans le jargon, ce qui a réduit de 50 % sa résistance à la rupture. Autre information pertinente : le câble attaché à la manille n’était pas au centre de l’anse de cette dernière. Or, lorsqu’une manille est chargée vers le haut ou le bas, elle perd entre 30 % et 50 % de sa capacité.

Le diamètre insuffisant de la goupille crée un point de pression à l’origine du bris, car il est trop petit par rapport à l’orifice de la barre d’attache du tracteur. Crédit photo : CNESST
Le diamètre insuffisant de la goupille crée un point de pression à l’origine du bris, car il est trop petit par rapport à l’orifice de la barre d’attache du tracteur. Crédit photo : CNESST

SUR LE MÊME SUJET
Dix conseils pour se déprendre