Vie rurale 5 septembre 2014

Louise Gingras, un exemple de persévérance

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

NORMANDIN — « En posant ma candidature pour le prix d’agricultrice de l’année de ma région, il a fallu que je fasse mon curriculum vitae et cela m’a permis de faire le bilan de mes réalisations », dit calmement Louise Gingras. En octobre dernier, lors du Gala Saturne, elle a été couronnée Agricultrice entrepreneure 2013. Une reconnaissance du milieu dont elle est fière.

« Lorsque j’ai déposé mon dossier, je le voyais plus comme une aventure. Évidemment, je ne pensais pas remporter quelque chose », relate l’agricultrice de Normandin, au Lac-Saint-Jean.

Une histoire de famille

L’agriculture chez les Gingras, c’est toute une histoire de famille. Les parents de Louise, Benoit Gingras et Marie-Reine Bernard, ont atterri à Normandin en 1973 pour y installer leur ferme. « Je suis la deuxième génération sur la ferme. L’entreprise est jeune », lance-t-elle. Après le secondaire, elle s’inscrit en bureautique au cégep de Jonquière. Rapidement, les animaux lui manquent. Elle décide alors de compléter une technique de gestion et exploitation d’entreprise agricole au collège d’Alma. Lorsqu’elle a son diplôme en poche, ses parents l’invitent à revenir travailler à la ferme.

« Un de mes frères y travaillait aussi, mais il a plutôt décidé de devenir camionneur. Je me retrouvais alors la seule des six enfants à vouloir prendre la relève. Mes autres frères et sœurs occupent des emplois dans le secteur agricole comme agronome, inséminateur, etc. », explique Louise Gingras. À 23 ans, elle devient actionnaire à 20 % de la Ferme Louison Enr.

Les 10 années suivantes seront parsemées d’embûches et de moments de bonheur. Elle fait notamment la rencontre de son conjoint, Rémi Garneau. En 2001, le troupeau d’Ayrshires est frappé par la diarrhée virale bovine. Afin d’éliminer la maladie, les producteurs décident de faire un vide sanitaire d’un an et de redémarrer le troupeau de zéro. Quelques mois avant l’achat de nouveaux animaux, le bâtiment d’élevage est la proie des flammes. « Toute épreuve nous apporte quelque chose. Il faut prendre cela une journée à la fois », philosophe Mme Gingras.

Le couple revoit alors son plan de match, mais jamais il ne remet en question son projet de vie en agriculture. À quelques rangs de là, un premier producteur laitier a un beau bâtiment d’élevage vide, et un deuxième désire vendre ses animaux. « Nous avons déménagé le bâtiment d’élevage en quatre sections en bifurquant par les terres agricoles sur le sol encore gelé au mois d’avril. Nous avons récupéré tous les bols à eau, stalles et autres équipements. Cette épreuve nous aura permis d’aménager un bâtiment avec un meilleur confort pour les animaux et pour nous aussi », relate la productrice. En 2003, les vaches laitières font leur entrée dans leur nouveau bâtiment. Louise devient actionnaire à 70 % de l’entreprise et Rémi, à 30 %. À travers tout cela, Louise a eu quatre enfants : Philippe, Julien, Hélène et Annick.

Toujours vers l’avant

Aujourd’hui, la Ferme Louison cultive 142 ha et exploite 56 kg de quota. Philippe, l’aîné de la famille, étudie présentement à l’Institut de technologie agroalimentaire (ITA) de La Pocatière. Comme passe-temps, Louise Gingras est organiste pour l’église de Normandin et celles des environs. Elle a été pendant de nombreuses années secrétaire de son syndicat de l’UPA. « Julien est trisomique. Il entrera en 4e secondaire en septembre prochain », souligne-t-elle. Afin de venir en aide aux parents d’enfants trisomiques, elle a fondé l’Association de la trisomie 21 du Pays-des-Bleuets. « Lorsque l’on apprend que notre enfant est trisomique, ça fait du bien de pouvoir échanger avec d’autres parents. Je suis toujours administratrice de l’association », explique-t-elle.

Le printemps dernier, Louise a fait une présentation sur la persévérance dans la classe de 5e-6e année d’Annick. « Les jeunes posaient beaucoup de questions sur les animaux. J’ai réalisé qu’il y avait un grand besoin d’éducation et de vulgarisation. C’est pourquoi j’ai accepté cet automne de participer aux Portes ouvertes de l’UPA. Mon objectif est de renseigner les gens sur l’agriculture et de leur ouvrir les portes d’une ferme familiale. En plus, plusieurs éléments étaient en place : j’ai reçu le titre d’Agricultrice entrepreneure et c’est l’Année internationale de l’agriculture familiale », conclut Louise Gingras.