Vie rurale 9 octobre 2020

La serriculture surfe sur la vague de l’autonomie alimentaire

Les projets d’expansion de gros producteurs en serre tels que Toundra au Saguenay–Lac-Saint-Jean et Savoura dans le Nord-du-Québec témoignent de l’emballement du milieu serricole, qui profite actuellement d’une volonté politique en matière d’autonomie alimentaire et d’un contexte pandémique favorable.

L’effervescence est palpable dans le milieu serricole, soutient le président de Sagami/Savoura/Savoura-bio, Richard Dorval, surtout depuis l’annonce de tarifs électriques avantageux d’Hydro-Québec pour l’industrie. L’objectif de doubler la superficie de culture en serre à 250 hectares ne sera toutefois pas atteint en construisant des serres de un ou deux hectares, soutient-il. « Nos voisins en Ontario font construire des serres de 5 à 10 hectares par projet. C’est beaucoup plus gros et si on veut les rattraper, ça va prendre de gros ­projets ici », indique M. Dorval. Bien que la décision de procéder à la phase 2 du projet d’agrandissement des Serres Toundra ait été prise longtemps avant le début de la pandémie, son président-directeur général Éric Dubé se réjouit que les consommateurs soient au rendez-vous. « On voyait déjà un engouement pour l’achat de produits locaux et frais, mais la COVID-19 est venue accélérer cette tendance ». Le dirigeant estime que l’autonomie alimentaire est importante, mais qu’il ne faudrait pas que le gouvernement se mette à payer pour l’ensemble des acteurs, sinon en créant des politiques favorables à l’industrie, laquelle doit proposer des projets rentables et porteurs. « Une serre demeure une entreprise comme une autre », dit M. Dubé. 


Les Serres Toundra : bientôt 100 millions de concombres

Alors que plusieurs investissements ont récemment été annoncés dans l’industrie serricole, les Serres Toundra sont en voie de mener à terme les travaux de la phase 2 de leur complexe, permettant à l’entreprise de Saint-Félicien de faire passer sa production de 50 à 100 millions de concombres.

« La construction de la bâtisse est presque terminée et d’ici huit semaines (novembre), on devrait commencer la production, pour une première récolte en décembre », confirme le président-directeur général de l’entreprise, Éric Dubé.

Annoncé en février dernier, cet investissement de 40 M$ portera à 17 hectares la superficie totale de production. L’entreprise du Lac-Saint-Jean, dont les produits sont ­distribués sur les tablettes des supermarchés, sera dès lors en mesure de répondre à 85 % de la demande du marché québécois. 

Au complexe s’ajoutera également une pouponnière de deux hectares qui évitera aux Serres Toundra d’acheter ses plants de l’Ontario. « Cela nous assurera un meilleur contrôle de la qualité et des maladies », souligne M. Dubé.  L’entreprise songe d’ailleurs à une troisième phase, qui ferait du complexe de Saint-Félicien l’un des plus grands du Québec.

Après la deuxième phase de travaux, les Serres Toundra songent déjà à une nouvelle expansion. Photo : Gracieuseté des Serres Toundra
Après la deuxième phase de travaux, les Serres Toundra songent déjà à une nouvelle expansion. Photo : Gracieuseté des Serres Toundra

Sept hectares supplémentaires pour Savoura

Savoura commercialisera bientôt des tomates produites dans des serres chauffées à la biomasse, à Chapais, dans le Nord-du-Québec, et agrandira ses installations de Mirabel, au nord de Montréal. L’entreprise accroît ainsi sa superficie cultivable de 31 à 38 hectares, soit de 3 hectares de tomates conventionnelles à Chapais ainsi que de quatre hectares de tomates sous régie biologique à Mirabel. Savoura investira 20 M$ pour le projet de Mirabel, incluant la réfection du siège social de l’entreprise. Ce sont 1 800 tonnes de tomates qui seront produites à Chapais par Les Serres bleues, propriété de Nexolia Bioénergie, selon le cahier des charges de Savoura, puis emballées et commercialisées sous le label de la compagnie de Mirabel. Les premières tomates arriveront dans les étals des commerçants de la province en décembre prochain.