Vie rurale 11 janvier 2017

La grande fête des Gauthier, de Saint-Irénée

SAINT-IRÉNÉE — Le jour de la visite de la Terre à la ferme des Gauthier, la cuisine embaumait la vanille, et pour cause! La matriarche du clan, Gisèle Bouchard, avait passé l’après-midi à confectionner des douzaines de petits gâteaux en prévision du temps des fêtes qui approchait à grands pas.

En effet, sa famille, qu’elle aime gâter avec ces douceurs faites maison, est sans aucun doute ce qu’elle a de plus précieux. C’est donc avec une grande fierté et beaucoup d’émotion qu’elle a appris que celle-ci était nommée Famille agricole de l’année, un prix décerné par la Fondation de la famille terrienne, qui a été remis le 30 novembre à l’occasion du 92e Congrès général de l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Gilles Gauthier reconnaît que les conditions d’élevage ont beaucoup changé depuis les débuts de l’entreprise, qui a cependant dû s’adapter aux nouvelles normes et réglementations, notamment celles concernant le bien-être animal. Crédit photo : Émélie Bernier
Gilles Gauthier reconnaît que les conditions d’élevage ont beaucoup changé depuis les débuts de l’entreprise, qui a cependant dû s’adapter aux nouvelles normes et réglementations, notamment celles concernant le bien-être animal. Crédit photo : Émélie Bernier

Auprès d’elle, ses fils Rémy et Gilles rayonnent aussi de fierté. Il faut dire que les Gauthier de Saint-Irénée sont agriculteurs depuis toujours, ou presque! « On est rendus au moins à la 5e génération sur la terre des Gauthier. De mon côté, mon père, son père et son grand-père avaient tous leur étable, leurs vaches, leurs moutons, leurs oies, leurs dindes et leurs cochons », a lancé Mme Bouchard. Son mari Roger, décédé en 2002, était aussi un fier agriculteur. Gisèle Bouchard est persuadée qu’il a « assisté » à la remise du fameux titre. « Il était là, avec nous », a-t-elle glissé, émue.

Aujourd’hui, la petite ferme familiale d’antan a pris une expansion que Roger et Gisèle n’auraient jamais soupçonnée. Ils élèvent 25 000 porcs dans l’un ou l’autre des bâtiments de l’entreprise. Rémy et Gilles y travaillent, tout comme Keven, Anthony, et Patrice.

Passer le flambeau

Si les papas ont appris « sur le tas », les trois garçons ont suivi des formations qui leur ont notamment donné accès à des programmes de subvention. « Nous, on a fait notre secondaire et on a commencé à travailler. Aujourd’hui, la gestion, les marges, tout est beaucoup plus serré. Il y a plus de volumes – on n’a pas le choix pour arriver – et les normes changent. Il faut s’adapter continuellement et les formations leur ont donné de bons outils », a expliqué Rémy, pas peu fier de sa progéniture qui tient les rênes de la Ferme Kény Porc, l’une des entreprises de la famille. Les liens familiaux sont visiblement le ciment de cette entreprise.

La force du groupe

En plus des maternités, pouponnières et parcs d’engraissement répartis sur sept sites, qui leur permettent d’élever les 25 000 porcs, les Gauthier possèdent un garage de mécanique agricole. Ils ont chacun un fils, Guillaume et Jimmy, qui y travaillent. Il faut dire que la famille est grande. Gisèle et Roger ont eu 7 enfants qui en ont eu à leur tour 24. Bientôt, 26 enfants seront issus de la prochaine génération, si l’on compte les trois qui sont « dans le moule », selon la rigolote expression en vogue dans le rang Saint-Pierre.

Ce que les parents ont voulu transmettre à leurs enfants ne diffère pas d’une génération à l’autre, croient Gisèle et ses fils. « On ne peut pas montrer ce qui ne nous a pas été montré. Dans la vie, il faut travailler; mais les valeurs familiales sont importantes et on est heureux d’être en famille », a raconté Gilles.

Les deux frères trouvent d’ailleurs le temps de s’impliquer dans leur communauté. Gilles est président de La Coop Agrivoix et administrateur de La Filière porcine coopérative. Rémy est administrateur au syndicat local de l’UPA et siège aux Éleveurs de porcs des Deux Rives. « C’est prenant, mais c’est formateur en même temps. On s’est partagé à deux ce que notre père faisait tout seul. Il était très impliqué », a constaté Rémy.

Ce prix de Famille agricole de l’année ne changera pas leur façon de faire ni d’être, mais il couronne plusieurs décennies de labeur. « Ce qui nous aide, c’est la force de notre groupe. Quand il y en a un qui vit une baisse, l’autre est là pour le motiver, le soutenir. Nos conjointes Lynda et Louiselle, nos frères et sœurs et nos enfants sont là pour nous. On ne fait pas de miracle, mais on fait le meilleur porc au monde », ont conclu les frères, pendant que Gisèle sortait une autre fournée de ses fameux petits gâteaux.

La famille Gauthier. Gracieuseté de la fondation de la Famille agricole de l'année.
La famille Gauthier. Gracieuseté de la fondation de la Famille agricole de l’année.