Des cueilleurs de petits fruits de plus en plus jeunes

Devoir composer avec une main-d’œuvre un peu trop jeune dans une société vieillissante, ça s’invente difficilement. C’est pourtant la situation qu’affronte Sophie Dumougeot, de la Ferme Cybèle, à La Pocatière, au Bas-Saint-Laurent.

« Même si les jeunes n’ont pas ramassé beaucoup de paniers, ils ont travaillé fort tous les jours, alors on leur donne un certificat de réussite qu’ils peuvent ajouter à leur C.V. C’est une façon de les encourager. » – Sophie Dumougeot
« Même si les jeunes n’ont pas ramassé beaucoup de paniers, ils ont travaillé fort tous les jours, alors on leur donne un certificat de réussite qu’ils peuvent ajouter à leur C.V. C’est une façon de les encourager. » – Sophie Dumougeot

« Quand j’ai gagné le prix [du concours Ma ferme, mon monde en 2011], c’est parce que j’embauchais exclusivement des cueilleurs âgés de 12 à 15 ans », explique la productrice de fraises et de framboises. Depuis environ cinq ans, dit-elle, les choses ont changé. « Les jeunes de 14 et 15 ans sont engagés chez McDo, Metro et IGA. On se retrouve seulement avec des jeunes de 12-13 ans. » Or, des cueilleurs plus jeunes, ça signifie souvent des employés moins efficaces. Résultat : 30 % des fraises sont restées au champ l’an dernier. « Une de nos pires années », ­souligne la productrice.

Une stratégie à revoir

Devant la rareté des cueilleurs, Sophie Dumougeot a dû revoir sa politique d’embauche. Pour la première fois, un travailleur étranger temporaire s’ajoute à l’effectif, cet été. Quelques adultes seront aussi embauchés, même si une telle décision n’a pas été facile à prendre, admet la productrice. « J’avais fermé la porte à l’embauche d’adultes au champ parce que j’avais vécu de mauvaises expériences », raconte-t-elle. Malgré cela, une soixantaine de jeunes cueilleurs arpenteront les champs de la ferme cette année. Des certificats de réussite seront d’ailleurs remis à la fin de la saison à tous les cueilleurs qui ont travaillé fort.

La formation des employés est très importante à la Ferme Cybèle. La productrice y voit l’avantage de standardiser les méthodes de travail et de mieux transmettre les valeurs de l’entreprise. Une partie des cueilleurs présente des besoins particuliers, comme des difficultés d’apprentissage et de l’autisme. « Leur formation est plus longue et nous leur accordons plus d’attention », explique Sophie Dumougeot, qui possède également un bar laitier où les produits de la ferme sont transformés et vendus. « Là, j’ai un taux de roulement d’à peu près zéro », lance l’entrepreneure.

Cette dernière peut compter sur une dizaine de filles de 14 à 20 ans qui  reviennent chaque année et qui répondent à deux critères fondamentaux pour la productrice. D’abord, avoir cueilli des fraises pendant au moins deux ans. « Pour savoir de quoi elles parlent », indique la productrice. Ensuite, contribuer au bon climat de travail en évitant les commérages. « Ne pas tolérer le négatif, ça aide beaucoup », insiste Sophie Dumougeot.

La ferme Cybèle a été sélectionnée par le Centre d’emploi agricole du Bas-Saint-Laurent dans le cadre de l’édition spéciale Nos Étoiles. Celle-ci met en lumière l’évolution des pratiques RH des entreprises agricoles ayant déjà participé au concours Ma ferme, mon monde, une initiative d’AGRIcarrières. En novembre, vous serez invités à voter pour votre entreprise Coup de cœur. Restez à l’affût!