Actualités 5 octobre 2019

Un Québécois à la tête d’un organisme de l’ONU sur l’agriculture

PARIS — Connaissez-vous la GODAN ? Il s’agit de la Global Open Data Initiative for Agriculture and Nutrition, un secrétariat de l’Organisation des Nation unies (ONU) destiné à améliorer l’accessibilité aux données relatives à l’agriculture. Et c’est le Québécois André Laperrière qui en est à la tête.

De Québécois, M. Laperrière n’a toutefois plus que le nom et l’accent, puisqu’en le rencontrant, on réalise que c’est un individu qui dispose d’une vision réellement mondiale.

André Laperrière. Photo : Gracieuseté de la GODAN
André Laperrière. Photo : Gracieuseté de la GODAN

« L’agriculture, c’est l’essentiel de l’économie d’environ 80 pays à travers le monde, explique l’homme originaire du Kamouraska, qui a quitté la Belle Province il y a plus de 30 ans déjà. Le mandat de notre organisation, c’est d’imaginer la situation mondiale en 2050 et de trouver des façons d’aider les agriculteurs à produire plus efficacement. »

La GODAN a vu le jour en 2013 après une réunion du G8 où il a été question des impacts des changements climatiques et démographiques sur l’agriculture -mondiale. Selon les projections de l’ONU, il y aura en 2050 trois milliards de bouches de plus à nourrir qui s’ajouteront aux 800 millions de personnes déjà mal alimentées dans le monde, a exposé M. Laperrière lors du Salon international de la machinerie agricole (SIMA) de janvier dernier, à Paris.

« Les stocks de poissons dans le monde sont surutilisés. Dans plusieurs pays, 90 % de l’eau potable va directement à l’agriculture. Quand on compile toutes ces données, on se rend compte qu’à moins d’un changement dans nos façons de travailler, nous nous dirigeons vers une problématique de sécurité alimentaire mondiale majeure, insiste celui qui se spécialise en systèmes d’information. Par exemple, en Afrique, on évalue qu’environ 20 % du potentiel agricole est exploité à l’heure où l’on se parle. Et l’on ne parle pas des surfaces mêmes. On parle de l’utilisation des surfaces qui sont présentement -exploitées. »

Mission : partage d’information

C’est là que la GODAN entre en jeu. Les gens de cet organisme sillonnent le globe à la recherche des meilleures initiatives en matière de partage d’information et font voyager ces technologies et ces pratiques où il y a un potentiel de développement inexploité. Malgré une équipe réduite d’une dizaine d’employés, M. Laperrière peut compter sur une constellation de 900 organisations membres qui fournissent des ressources pour mener à bien les -initiatives lancées par le groupe.

3 fractures numériques

Si les changements numériques sont inéluctables, il existe encore et toujours, selon le spécialiste, trois grandes fractures numériques avec lesquelles la GODAN doit composer.

La première est la disparité entre les pays riches et les moins riches. Avec la démocratisation de l’informatique et des technologies, cette fracture tend à perdre de l’importance.

La deuxième se situe au niveau des genres. En Afrique, notamment, ce sont principalement les femmes qui s’occupent de la ferme, explique M. Laperrière, puisque le mari travaille fréquemment en ville. Par contre, en vertu des lois et des règlements administratifs, la femme n’est pas propriétaire de la ferme, même si c’est elle qui fait tout le travail. De plus, c’est souvent l’homme qui a le téléphone, donc la femme n’a pas accès aux avantages technologiques qu’un tel outil peut fournir.

La dernière fracture se trouve dans la taille des fermes. En raison de l’émergence accrue de grandes exploitations industrialisées, il existe une disparité majeure dans l’utilisation des technologies. Par exemple, l’acquisition d’un drone pour une exploitation de 4 ha est extrêmement onéreuse, comparativement au même achat pour une exploitation de 200 ha. Ce dernier élément est important dans la mission de la GODAN qui travaille notamment avec les équipementiers internationaux et les universités afin d’apporter des solutions technologiques à faible coût pour les petites fermes.