Actualités 31 janvier 2023

Un mois de janvier exceptionnellement chaud

Le mois de janvier 2023 arrive au cinquième rang parmi les mois de janvier les plus chauds de l’histoire de la météorologie québécoise, explique André Monette, chef de service chez MétéoMédia. « C’est vraiment exceptionnel. Le mois de janvier a été vraiment très doux, partout au Québec. Même décembre avait été aussi très doux. Aucune vague de froid, car elle ne s’est jamais rendue à nous », explique-t-il.

Le météorologue donne l’exemple des températures ressenties de près de -50 °C en Alberta à la fin du mois de décembre ou de celles frôlant le point de congélation en Floride en janvier. « On a complètement évité ce froid.  En fait, on a été protégé par plusieurs systèmes. La tempête en Californie a mené un influx d’air d’est en ouest qui a bloqué le système [d’air froid de la Floride]. Dernièrement, un courant d’air chaud de l’Alaska est allé pousser une masse d’air polaire, qui aurait pu se diriger vers l’Amérique du Nord, mais qui a plutôt été dirigé vers la Sibérie », dit-il. Une station météo de la Sibérie a enregistré une température de -62,4 °C. « C’est donc un concours de circonstances si nous n’avons pas eu encore de vague de froid », analyse M. Monette.

Des répercussions en agriculture

Les agriculteurs, qui sont particulièrement dépendants de la météo, ont évidemment remarqué cette température douce. « Je ne m’en plaindrai pas! » commente le producteur laitier Bryan Denis, de la Ferme Denijos, au Bas-Saint-Laurent. Quand c’est plus doux, c’est moins dur sur l’équipement, sur les tracteurs. La ventilation de l’étable se fait mieux. J’ai un ventilateur de 4 pieds qu’habituellement je ne laisse pas virer en hiver, mais c’est assez chaud qu’il fonctionne encore. Et c’est moins humide pour les vaches que quand il fait -20 °C », fait-il remarquer, soulignant que l’hiver clément lui enlève aussi l’inquiétude de devoir déneiger les toits.

La terre qui n’était pas gelée par endroits au moment d’écrire ces lignes, le 25 janvier, suscitait des questions chez des acériculteurs. En Estrie, le conseiller acéricole Vincent Poisson a avancé que l’effet de ce temps doux sur la prochaine saison des sucres est « la grande question que tout le monde se pose ».

Il manque encore d’information scientifique à ce sujet, mais il croit que l’absence de vagues de froid jusqu’à maintenant pourrait conduire à une sève moins sucrée.  « Le sucre, c’est comme l’antigel. Moins de grands froids, moins d’antigel », compare-t-il.

Un aspect inquiétant, souligne M. Poisson, concerne un insecte qui cause des dommages aux érablières : la livrée des forêts. « Pour tuer les œufs, il faut de grands froids, près de -30 °C. On n’a pas ces conditions; est-ce que les populations vont exploser? » s’interroge-t-il. 

Dans Chaudière-Appalaches, l’acériculteur David Bolduc fait remarquer que lorsque la terre n’est pas gelée, le temps des sucres peut commencer rapidement, aussitôt que les redoux arrivent. 


À lire aussi :

Le retour du froid marquera le début de février