Politique 6 février 2015

Réactions sur le dépôt du rapport sur la sécurité du revenu

« Il y a une certaine déception, a indiqué le président de la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec (FPCCQ), Christian Overbeek. On espérait un programme complémentaire à l’assurance stabilisation qui aurait tenu compte des secteurs de production et de la géographie des entreprises. »

Il convient toutefois qu’il était difficile d’aménager le programme d’ASRA, comme il était connu dans les années 2000, en raison notamment des restrictions budgétaires mises en place par le gouvernement. Il croit tout de même qu’il aurait été possible de réaménager certains éléments pour des productions qui se sont montrées très patientes depuis plusieurs années.

Pour Christian Overbeek, une réalité demeure : l’ASRA ne répond pas aux besoins des producteurs de cultures commerciales. « D’un point de vue concurrentiel, ça devient insoutenable, mentionne-t-il. Les revenus commerciaux ont été au rendez-vous ces dernières années et c’est ça qui a permis aux entreprises de faire face aux aménagements dans les programmes d’assurance du revenu. » Bien que déçu, le président de la FPCCQ ne perd pas complètement espoir. Il veut continuer à discuter de manière constructive pour que les corrections souhaitées par les producteurs de cultures commerciales soient apportées.

Les petites fermes satisfaites

« Nous sommes bien contents qu’ils pensent aux petites fermes. Augmenter l’Agri-Québec, c’est exactement ce que ça nous prend », déclare d’emblée François Handfield, propriétaire de la Ferme Aux petits oignons et président de la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique (CAPÉ).

Présentement, le programme Agri-Québec offre aux entreprises de petite taille une remise de 3 % sur le montant de leurs ventes. Les petits producteurs aimeraient voir doubler cette remise. « On voudrait passer de 3 % à 7 % pour la première tranche de 100 000 $. Ensuite, 5 % pour la tranche de 100 000 à 1 M$ », détaille-t-il.

La piste no 6 du rapport abonde dans ce sens en proposant d’augmenter les contributions gouvernementales, par exemple de 3 à 6 %.

La CAPÉ évalue que cette bonification du programme commanderait une enveloppe d’environ 14 M$. L’impact serait considérable pour les petites fermes, plaide M. Handfield « Pour la première tranche de 100 000 $ de revenus, la hausse d’Agri-Québec, comme nous le demandons, donnerait 4 000 $ de plus par ferme. C’est de l’argent qui sera investi dans les entreprises pour soutenir leur croissance, alors qu’elles sont à un stade critique de leur développement. »

Un soutien à la transition pour les bio

La piste no 12 du rapport plaît également aux producteurs bio, puisqu’on y recommande d’offrir une aide spécifique à la transition vers l’agriculture biologique. « Présentement, il n’y a rien. Nous demandons au ministre d’égaler au moins le Farm Bill américain, qui assume 75 % des frais de certification [jusqu’à concurrence d’un montant de 750 $ par type de certification]. Il reste à réfléchir à l’élaboration d’une stratégie d’appui à la transition qui assurera le succès des producteurs », note François Handfield.

L’AQINAC tient à l’aide universelle

Le président-directeur général de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), Yvan Lacroix, désapprouve la proposition du rapport sur la sécurité du revenu en agriculture de plafonner les compensations selon la taille de l’entreprise. « Il faut que l’aide demeure universelle, a-t-il expliqué lorsque la Terre l’a appelé à commenter à chaud le dossier. Je n’ai toujours pas lu le document. »
À propos de la recommandation d’établir un diagnostic précis de la taille des entreprises qui exercent un contrôle accru sur le marché, Yvan Lacroix s’est contenté de dire que la démarche devait être claire. « Le diagnostic ne doit pas reposer sur des perceptions ou des objectifs politiques, a-t-il mentionné. La démarche doit être transparente et objective », a-t-il ajouté en déplorant que l’AQINAC n’ait jamais été consultée par le groupe de travail.

Silence radio chez les Éleveurs de porcs

Chez les Éleveurs de porc du Québec, on se refuse à tout commentaire pour le moment. « Le président, M. Boissonneault, n’est pas disponible pour des entrevues aujourd’hui, a simplement expliqué la conseillère aux communications, Gaëlle Leruste. Il faut prendre le temps de bien étudier le rapport avant de le commenter. »

Pour sa part, le ministre Pierre Paradis n’a pas rappelé la Terre en dépit de ses demandes.

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