Politique 3 septembre 2014

«On a besoin de la forêt privée»

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QUÉBEC — Le Québec a « besoin de la forêt privée » pour stimuler son activité économique, affirme le nouveau ministre des Forêts, Laurent Lessard.

 

« Il faut augmenter la valeur du capital forestier », précise-t-il en entrevue à la Terre, à ses bureaux.

Mais comment faire pour permettre aux producteurs de vendre leur bois, en priorité, aux scieries et aux usines de pâtes et papiers?

Un meilleur équilibre entre les approvisionnements provenant de la forêt publique et de la forêt privée est-il envisageable, mais surtout, réalisable à court terme?

Laurent Lessard marque une pause avant de répondre.

« S’il y a des améliorations à apporter, et je crois qu’il y en a qui doivent être faites, on va tenter de trouver des solutions », soumet-il.

À ce sujet, il confirme avoir eu une rencontre « informelle », tout récemment, avec le président de la Fédération des producteurs forestiers, Pierre-Maurice Gagnon. Il prévoit le rencontrer de nouveau, très bientôt, afin de poursuivre la discussion plus activement.

Les producteurs forestiers déplorent que les scieries s’approvisionnement d’abord dans la forêt publique. En faisant cela, selon eux, elles les empêchent de jouer pleinement leur rôle et de contribuer au développement des régions forestières.

Laurent Lessard était également présent au dernier congrès du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), où il a pris le pouls des ténors de l’industrie.

« J’entendais déjà les questionnements sur la forêt privée avant d’être nommé ministre parce que je vis à Thetford-Mines, et en Chaudière-Appalaches, on a la forêt privée », convient le ministre.

Il ajoute, du même souffle, que le poids du privé pourrait s’avérer plus lourd. Actuellement, évalue-t-il, la forêt privée livre de 18 à 23 % des volumes totaux dont ont besoin les scieries et les usines de transformation.

Comportements

Tout en demeurant prudent, Laurent Lessard croit que les producteurs forestiers peuvent aspirer à des jours meilleurs. Faudra-t-il, pour cela, que les scieries adoptent de nouveaux comportements et développent désormais le réflexe de faire tourner leurs usines avec du bois de la forêt privée, de proximité?

« La forêt privée a l’avantage d’être située plus au sud, en Estrie, dans Chaudière-Appalaches et dans une partie du Bas-Saint-Laurent, souligne le ministre. Elle est proche des usines, et cette proximité réduit les coûts de transport. »

« Chose certaine, poursuit-il, il est possible de faire mieux avec le bois de nos forêts, tant publiques que privées. On peut faire davantage de produits de qualité et transformés pour amener une valeur ajoutée. Il se perd de l’argent en forêt et moi, ce que je veux, c’est qu’on ne laisse pas un seul dollar au sol, derrière nous. »

Il ne veut cependant pas s’avancer trop vite avant d’avoir fait le tour de la question et d’avoir entendu les principaux acteurs de l’industrie.

« Mon agenda de consultations est bien rempli, fait-il valoir. Je veux d’abord documenter la situation d’ensemble pour dresser un portrait plus clair », dit-il.

Sur un ton plus détendu, il convient que les dossiers – et les différends – impliquant la forêt publique et la forêt privée ne datent pas d’hier.

« Le problème est plus vieux que le ministre », résume Laurent Lessard, qui a occupé à deux reprises le ministère de l’Agriculture.