Politique 17 avril 2019

Lien de confiance brisé à l’égard du fédéral

QUÉBEC — Quelques mois après l’annonce de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), les Producteurs de lait du Québec (PLQ) préviennent le gouvernement Trudeau que leur confiance sera dure à regagner.

« Après tant de promesses brisées, les mots ne suffisent plus. Il faudra des gestes concrets pour regagner notre confiance », a affirmé le président des PLQ, Bruno Letendre, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de son organisation, le 17 avril.

Il y a un an, lors du même rendez-vous annuel, les délégués réclamaient à Ottawa la fin des concessions dans la gestion de l’offre. « Malgré tous nos efforts, malgré toutes nos activités de relations publiques et malgré l’appui de tous les partis politiques québécois, de nos partenaires et de nos alliés, malgré les promesses du gouvernement fédéral, le Canada a finalement cédé aux pressions américaines », a déploré Bruno Letendre dans son discours d’ouverture.

Il a martelé que l’ACEUM s’était « conclue sur le dos des producteurs de lait », en « écorchant » la gestion de l’offre en vigueur en production laitière. Il estime qu’en plus d’ouvrir davantage son marché laitier aux produits américains, le Canada a cédé sa souveraineté politique en acceptant d’éliminer une classe d’ingrédients (classe 7) et de limiter ses propres exportations.

Compensation

En additionnant les impacts de l’ACEUM à ceux des ententes commerciales avec l’Union européenne et les pays de la zone transpacifique, Bruno Letendre calcule que « c’est 8,4 % de la production canadienne qui a été cédée à tout jamais ». Le dirigeant précise que cette perte représente l’équivalent de 800 millions de litres de lait, soit la production de 1 200 fermes moyennes du Québec.

Les PLQ comptent maintenant s’assurer qu’Ottawa dédommagera tous les éleveurs équitablement. Lors du récent budget fédéral, le ministre des Finances a réservé plus de 3 G$ aux producteurs laitiers, de volailles et d’œufs, en guise de compensation pour les ententes avec l’Union européenne et la zone transpacifique.

Pour l’instant, les modalités des versements demeurent inconnues, ce qui n’a pas rassuré les délégués. « Les sommes devront être accessibles à tous les producteurs. Pas de tirage au sort. Pas de premier arrivé, premier servi », a mis en garde M. Letendre. Il faisait ainsi référence au Programme d’investissement pour fermes laitières, vertement critiqué par les éleveurs depuis sa mise en place en 2017. 

Prix

L’année 2018 a aussi été marquée par un creux historique du prix du lait. Le président des PLQ a rappelé tout le travail abattu par son organisation pour redresser la situation. « Toute cette crise du prix du lait a causé de l’insatisfaction et des critiques dans nos rangs, a-t-il reconnu. Soyez assurés que votre conseil d’administration et votre organisation travaillent toujours pour optimiser les revenus de nos ventes de lait », a poursuivi le dirigeant, avant d’inviter les producteurs à continuer de travailler ensemble pour affronter les prochains défis.