Politique 3 septembre 2014

L’Agriculture devra faire sa part

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QUÉBEC — Des dizaines de millions pour la nouvelle version du Plan Nord. Des investissements pour les mines et pour la forêt. Et des compressions à l’agriculture.

Voilà ce qui résume le premier budget de dépenses de 74,3 G$, « prudent et conservateur », du ministre des Finances, Carlos Leitao, déposé aujourd’hui à Québec.

On s’attendait à des réductions de 20 M$. Ce sera plutôt un effort de 41 M$ qui sera exigé au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) en 2014-2015.

« Ce budget ouvre des portes », a déclaré le ministre des Finances, en dévoilant les grandes lignes de son premier exercice budgétaire, à Québec.

L’Agriculture ouvrira elle-même une porte au gouvernement libéral de Philippe Couillard en participant à l’effort de guerre visant à ralentir la progression du déficit budgétaire, qui s’élèvera à 2,3 G$ en 2014-2015.

La diminution des crédits alloués au MAPAQ totalisera 3,84 %. Concrètement, le ministère devra composer avec des crédits de 1,043 G$, comparativement à 1,084 G$ en 2013-2014.

À elle seule, La Financière agricole du Québec (FADQ) verra son budget de fonctionnement passer de 615 M$ à 598 M$, en baisse de 17 M$. L’appui au développement en région, qui se situait à 35,4 M$, est pour sa part ramené à 30,5 M$.

Choix difficiles

Quant à lui, le président du Conseil du trésor, Martin Coîteux, a parlé de « choix difficiles » qui ont été effectués dans la préparation de ce budget. Selon lui, le « solde des économies » demandées à l’ensemble des ministères se chiffre à 2,7 G$.

« Malgré ces efforts, c’est loin d’être terminé », a-t-il prévenu.

Le Nord, les mines

Cela n’empêchera pas le gouvernement nouvellement élu de rouvrir les vannes pour relancer le défunt Plan Nord, au moyen d’investissements de 63 M$ dans un fonds dédié.Le gouvernement souhaite également prendre des participations dans des entreprises des secteurs des mines et des hydrocarbures.

« Le Québec est riche en ressources naturelles et nous ne devrions pas en avoir honte », a insisté Carlos Leitao.

Et qu’en est-il de l’agriculture, M. Leitao?

« Il n’y a pas de mesures spécifiques [pour l’agriculture] parce qu’on a mis l’emphase, cette année, sur l’aide à la PME », a répondu le ministre des Finances, en réponse à une question posée par laTerre.

La forêt

D’un autre côté, il en va tout autrement pour la forêt, qui bénéficiera d’une injection de 20 M$ sur 3 ans. Cette somme servira à « faciliter l’accès au financement des entreprises et des coopératives forestières pour renouveler leurs équipements ».

Un fonds de 20 M$ sera par ailleurs constitué pour développer la filière de la biomasse forestière résiduelle. Fondaction CSN investira 10 M$, Québec en fera autant et la Fédération québécoise des coopératives forestières (FQCF) ira d’une contribution de 200 000 $. Le Fonds du Plan Nord financera notamment des projets de conversion physique des installations de chauffage.

L’UPA réagit

De son côté, l’économiste en chef à l’Union des producteurs agricoles (UPA), Charles-Félix Ross, aurait aimé que la contribution économique de l’industrie agroalimentaire ressorte davantage dans le budget Leitao.

« Parce qu’il faut rappeler que le secteur agricole et agroalimentaire est le premier secteur primaire et manufacturier au Québec, en matière de création d’emplois et de richesse. Encore plus important que les mines! » a-t-il réagi.

Aussi déplore-t-il les « coupes » au budget du MAPAQ « tandis que le gouvernement augmente les dépenses de ses programmes de 1,8 % ».

Mince consolation : la FADQ conserve « tout de même », dit-il, sa marge de manœuvre financière pour investir dans les programmes de soutien en agriculture.

En chiffres

1,043 G$ : crédits alloués au MAPAQ
598 M$ : budget alloué à la FADQ, en baisse de17 M$
20 M$ : financement des projets en forêt
20 M$ : projets de biomasse forestière
63 M$ : investissements prévus dans le Fonds du Plan Nord