Politique 28 septembre 2015

La filière agroalimentaire derrière la gestion de l’offre

Avec la conclusion imminente du Partenariat transpacifique (PTP), la filière agroalimentaire québécoise se mobilise.

Cet après-midi, le ministre de l’Agriculture du Québec, Pierre Paradis, flanqué des dirigeants de l’UPA, de La Coop fédérée et d’Agropur, ont réclamé au gouvernement Harper qu’il respecte ses engagements et protège intégralement la gestion de l’offre dans le cadre du PTP. Ils ont sommé le gouvernement de ne concéder aucun nouvel accès au marché canadien du lait, des œufs et de la volaille.

Les dernières rumeurs font état de concessions majeures du Canada. Selon la chaîne CBC, le gouvernement Harper s’apprêterait à concéder aux Américains 10 % du marché laitier canadien. Un tel scénario « catastrophe » pourrait porter un coup fatal aux fermes familiales canadiennes, à la production locale et aux dizaines de milliers d’emplois qui en dépendent. « Et c’est le Québec, où 43 % des revenus agricoles dépendent de la gestion de l’offre, qui serait le plus durement touché », a affirmé le président de l’UPA, Marcel Groleau. Une brèche de 10 % mettrait en péril environ 2000 fermes laitières et réduirait de façon importante la taille de toute l’industrie, a poursuivi le dirigeant. À son avis, le Canada a déjà fait suffisamment de concessions. « On importe déjà plus que les Américains. On se discipline et on ne crée pas de distorsion sur les autres marchés », a illustré M. Groleau.

Le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, a répété que le gouvernement du Québec défendait la gestion de l’offre. « C’est le système le plus juste. Nous n’avons pas les moyens de nous en priver », a-t-il insisté. Le premier ministre Couillard a d’ailleurs convoqué un conseil des ministres spécial ce soir. Malgré les rumeurs de concessions des conservateurs, Pierre Paradis a avoué faire encore confiance au gouvernement fédéral. Il a tout de même admis ne pas être rassuré par l’issue possible des négociations. La rencontre ministérielle du 30 septembre pourrait fort bien conduire à un accord. « Ce sont les mêmes hauts fonctionnaires qui ont convoqué la dernière rencontre ministérielle à Maui. Ils ne manqueront pas leur coup deux fois en ligne », a-t-il confié à la Terre.

En route

M. Paradis et son confrère de l’Économie, Jacques Daoust, sont attendus à Atlanta dès mardi. Pierre Paradis y « fera du corridor le plus habilement possible ». Selon ce que la Terre a appris, des rencontres avec les représentants des producteurs exportateurs sont prévues à leur agenda. M. Paradis a toutefois refusé de confirmer cette « rumeur ». Les membres de la Coalition GO5 seront aussi en Géorgie « pour [s’]assurer que le gouvernement se tienne debout et respecte ses engagements de maintenir intégralement la gestion de l’offre à l’issue des négociations », a conclu Marcel Groleau.

Rassurant

Au même moment, le ministre canadien de l’Agriculture, Gerry Ritz, se faisait rassurant. « Le PTP offre aux agriculteurs, éleveurs et transformateurs d’aliments de partout au Canada l’occasion de se voir offrir un accès préférentiel à la région du PTP, un marché combiné de 11 pays et de près de 800 millions de personnes avides de produits canadiens, a-t-il indiqué, par voie de communiqué.
« En parallèle, le gouvernement demeure déterminé à continuer de défendre le système de gestion de l’offre. (…) Nous ne comptons faire ni gagnants, ni perdants – nous continuerons de négocier un accord ambitieux qui favorisera à la fois les exportations et les producteurs soumis à la gestion de l’offre – pour veiller à ce que l’économie rurale du Canada demeure vigoureuse. »