Politique 3 septembre 2021

Des engagements agricoles dans les plateformes électorales

En cette période de pandémie, l’agriculture revêt plus d’importance; un phénomène qui s’observe dans la présente campagne électorale alors que les partis présentent de nombreuses propositions. En voici quelques-unes.

Le Parti conservateur consacre une section à l’agriculture

Le Parti conservateur du Canada (PCC) a consacré une section à l’agriculture dans son « Plan de rétablissement du Canada » en y inscrivant 18 engagements. Il soutient qu’il « est possible de stimuler les exportations et la création d’emplois dans le secteur agricole en agissant de manière stratégique ». Le PCC s’engage, entre autres, à respecter et défendre la gestion de l’offre, ouvrir de nouveaux marchés aux producteurs de bétail, de grains et d’oléagineux dans les négociations de libre-échange et finaliser les indemnisations pour les transformateurs en lien avec les accords commerciaux. Le parti songe aussi à réformer les programmes de gestion de risque, modifier les lois pour permettre aux éleveurs d’utiliser les abattoirs locaux, moderniser la Loi sur les grains du Canada et la Commission canadienne des grains pour correspondre aux normes d’aujourd’hui et appliquer le « droit de réparer » aux véhicules agricoles pour que les agriculteurs puissent choisir où les faire réparer. Pour les problèmes de mains-d’œuvre, le parti prévoit faciliter l’arrivée de travailleurs étrangers et élaborer une stratégie pour attirer les employés qualifiés dans le secteur de la transformation de la viande. Des engagements liés à l’environnement touchent aussi l’agriculture, notamment avec la création d’un « puissant incitatif » pour « protéger l’environnement et séquestrer le carbone avec un plus grand nombre de crédits compensatoires par zone ».

Les libéraux veulent faciliter l’accès à la main-d’œuvre étrangère

« La pénurie de main-d’œuvre, c’est le sujet dont j’entends le plus parler », a dit à La Terre la représentante du secteur agricole au Parti libéral, Marie-Claude Bibeau. Elle souhaite faciliter l’accès aux travailleurs étrangers. En entrevue à la radio CIGN FM de sa circonscription, Mme Bibeau a dit vouloir améliorer le processus pour avoir accès aux travailleurs saisonniers et étrangers, spécifiant qu’elle avait vu le brouillon d’une grosse réforme qui se prépare à ce sujet au gouvernement fédéral. Les libéraux veulent notamment reconnaître les employeurs de confiance et ainsi bénéficier d’un processus simplifié. Questionnée sur la nécessité de déclencher des élections en pleine pandémie, Mme Bibeau a répondu qu’il y aura des décisions très importantes à prendre dans les prochains mois, notamment sur les façons de relancer l’économie. Elle précise à cet égard que la proposition des Libéraux s’articule autour d’une « relance verte », c’est-à-dire d’en faire davantage dans la lutte contre les changements climatiques.

Le NPD veut soutenir un secteur agricole prospère

Le Nouveau parti démocratique (NPD) a mis dans sa plateforme des engagements touchants l’agriculture en mentionnant vouloir un secteur prospère. Le parti s’engage à protéger la gestion de l’offre. Il vise aussi à mettre en place un programme de protection des paiements pour les producteurs de fruits et légumes et à rétablir la protection pour ceux qui vendent aux États-Unis. Le NPD compte soutenir l’agriculture durable en finançant l’acquisition d’outils et de technologies à faible émission de carbone et en les aidant à faire face aux conséquences des changements climatiques. Le NPD veut aussi s’associer aux agriculteurs afin de soutenir la biodiversité et de surveiller et protéger la santé des pollinisateurs. Le parti s’engage à élaborer une politique alimentaire pancanadienne qui comprendra entre autres l’étiquetage et la traçabilité des aliments. Le NPD souhaite rapprocher les agriculteurs de la communauté en instaurant des carrefours alimentaires locaux et en soutenant les marchés. Il veillera aussi au déploiement d’Internet haute vitesse pour les agriculteurs.

Le Bloc québécois protégera la gestion de l’offre

Le Bloc québécois tentera à nouveau de faire adopter un projet de loi pour protéger la gestion de l’offre. Celui présenté lors des dernières sessions, le C-216, a achoppé avec la dissolution du gouvernement. « S’il y a moyen de le récupérer, je vais le faire, mais je pense qu’on doit recommencer », soutient Yves Perron, porte-parole en agriculture pour le Bloc et président de la campagne pour le parti. Pour l’agriculture, le Bloc québécois souhaite que le fédéral s’implique dans les dossiers d’abattoir pour en avoir davantage et éviter que les producteurs doivent faire de longues routes avec leurs bêtes. Le parti insistera pour que les normes imposées aux producteurs soient les mêmes pour les produits importés. Il aimerait que le gouvernement soutienne davantage financièrement les agriculteurs pour les bonnes pratiques environnementales et pour la gestion de risque. « La demande des agriculteurs [pour les programmes de gestion de risque] est légitime et facile à mettre en place », croit Yves Perron. Il affirme que le Bloc continuera d’être une « opposition constructive avec des propositions ».

Le Parti populaire abolirait la gestion de l’offre

Le Parti populaire du Canada, mené par Maxime Bernier, prévoit pour le secteur agricole la même mesure que lors de la campagne de 2019, soit l’abolition de la gestion de l’offre pour instaurer un système libre, ouvert et équitable. Il souligne que la suppression se fera sur plusieurs années et que les agriculteurs seront compensés et pourront vendre leurs produits à l’étranger.