Actualités 30 août 2018

Plus de 20 ans de robotique!

Relevant du domaine de la science-fiction il n’y a pas si longtemps, les premiers robots de traite ont aujourd’hui plus de 20 ans. Chez le fabricant Lely, l’invention que plusieurs considèrent comme la plus importante du 20e siècle pour l’élevage laitier vient d’amorcer sa 25e année. 

« Ça fait 20 ans qu’on fait de la traite robotisée. Il faut arrêter de dire que c’est nouveau », lance pour sa part Thierry Perrotin, vice-président au marketing et au développement des affaires chez DeLaval en Amérique du Nord. 

Un million de traites au compteur

Le 19 août dernier, à 11 h 58, le robot de traite VMS de la Ferme Carmel à l’Ange-Gardien au Québec était le premier en Amérique du Nord à atteindre le cap du million de traites! Chaque jour depuis 17 ans, le « dinosaure », comme l’appelle affectueusement René Carmel, a tiré 60 vaches, trois fois par jour, pour une production de 15 millions de kilogrammes de lait.
« C’est phénoménal quand on compare ça avec des tracteurs qui sont changés alors qu’ils n’ont même pas 10 000 heures de travail au compteur », souligne M. Perrotin.

Chez DeLaval, la 4e génération de robots vient d’arriver sur le marché. Le premier nouveau VMS V300 du continent sera installé début septembre à la Ferme Carmel. D’ici la fin de l’année, le géant suédois lancera aussi la nouvelle application DelPro Companion, qui permet de miniaturiser le système de gestion de troupeau sur un téléphone intelligent. « Plus besoin de PC [ordinateur] dans le bureau de la ferme. Les gens deviennent de plus en plus mobiles. On va dans cette direction-là », assure Thierry Perrotin.

Estimé à 975 M$ US en 2016, le marché de la traite robotisée devrait bondir à 2,61 G$ US d’ici 2025, révèle le rapport de la firme Million Insights. Cette dernière prédit un taux de croissance annuel moyen de près de 12 %.

Les robots agricoles, abordables?

« Le coût [des robots autonomes] est élevé. Dans le bas de gamme, on parle de dizaines de milliers de dollars américains et dans le haut de gamme, vous pouvez être imaginatif », indique Joshua Haslun, l’analyste principal aux innovations agricoles chez Lux Research, à Boston. Dans la culture de raisins par exemple, le coût d’achat est d’environ 700 000 $ US, soit le prix d’une moissonneuse-batteuse. Les robots autonomes commencent tout juste à être commercialisés, mais se démocratiseront dans trois ans, estime l’analyste, surtout dans les cultures à haute valeur commerciale comme les fraises en serre et en champ, les raisins, les pommes et peut-être les agrumes. 

Malgré le prix, c’est le retour sur investissement qui est important, d’après M. Haslun, car si la somme à investir est impressionnante, « vous avez soudainement remplacé, selon les cas, 60 travailleurs dans le champ. Vous pourriez très bien rentrer dans votre argent la première année ». 

Big data

VMS_V300_2L’agriculture numérique génère une tonne de données qui représentent une grande valeur. Mais à qui appartiennent ces données de masse, communément appelées « big data »?

De plus en plus d’équipements agricoles sont dotés de capteurs, que l’on pense seulement aux robots de traite et aux moissonneuses-batteuses. Ces capteurs enregistrent une foule de données. Qu’arrive-t-il lorsque le producteur décide de changer de fournisseur d’équipements? Cette question de la gestion du big data préoccupe nombre d’agriculteurs.

« Les données appartiennent aux clients », explique Ghislain Nadeau, directeur de l’agriculture de précision chez Agritex. « La donnée, c’est l’intrant le plus précieux et le principal pour l’intelligence artificielle. La donnée, ça ne s’achète pas », soutient Saad Chafki, vice-président à la stratégie d’information à La Coop fédérée. À son avis, l’éthique et l’accès à la vie privée ainsi qu’à la sécurité représentent des enjeux liés aux données technologiques. « C’est un domaine qui a besoin de plus d’encadrement, de plus de contrôle. Le fruit de ces données doit retourner aux producteurs. Il y a une notion de gouvernance des données », ajoute M. Chafki. 

DeLaval, le géant de la robotique laitière, prend aussi le big data au sérieux. « L’important, c’est la qualité de l’information. On a beaucoup d’info, mais est-ce la bonne? Il n’y a pas de norme qui définit ce qu’est une bonne donnée », explique Thierry Perrotin, vice-président au marketing et au développement des affaires en Amérique du Nord. DeLaval a ainsi créé l’entreprise Dairy Data Warehouse dont le but est de « laver les données » générées par les robots des différents fabricants (BouMatic, Lely, Gea, DeLaval, etc.), c’est-à-dire nettoyer les erreurs et les biais dans les données stockées afin de les rendre comparables.

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