Actualités 19 février 2020

Pesticides : la CAPERN plaide pour un meilleur soutien financier aux producteurs

Dans le rapport qu’elle vient finalement de rendre public sur l’usage des pesticides au Québec, la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’alimentation, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) confirme la nécessité de financer la transition agroenvironnementale des producteurs.

Des pratiques de remplacement aux pesticides existent, mais tous les agriculteurs ne s’en prévalent pas, constate le rapport contenant 32 recommandations. Sans préciser la hauteur des sommes à investir ou la nature des méthodes à mettre en place, la CAPERN spécifie que le gouvernement devra investir « en ressources humaines et technologiques ainsi qu’en transfert de connaissances ».

Autre constat : l’assurance récolte de La Financière agricole du Québec n’assure pas les cultures provenant de semences non certifiées, ce qui incite les agriculteurs à utiliser des semences enrobées afin de voir leurs récoltes assurées. Le rapport suggère de mettre en place des incitatifs pour favoriser la transition agroenvironnementale en ce sens, mais ne spécifie pas concrètement la manière d’y parvenir. « Il conviendrait d’instaurer des programmes d’aide financière voués aux agriculteurs qui utilisent des pratiques plus respectueuses de l’environnement. On pourrait aussi simplement modifier les programmes de subvention actuels afin d’y intégrer le principe d’écoconditionnalité », lit-on dans le rapport.

Des sommes attendues dans le budget

En conférence de presse la veille du dévoilement, le député péquiste Sylvain Roy, qui est membre de la CAPERN, a dit s’attendre à ce que le gouvernement débloque des sommes pour appuyer la transition agroenvironnementale des producteurs dès le budget du 10 mars.

Rappelons que le mandat d’initiative sur les pesticides a été annoncé en mars 2019. L’automne dernier, la CAPERN a entendu 26 groupes et reçu 80 mémoires totalisant 700 recommandations. Initialement, le rapport était attendu avant Noël. Jusqu’à la dernière minute, son contenu a fait l’objet de discorde entre les parlementaires membres de la Commission.

Si les partis d’opposition se sont dits globalement satisfaits du rapport, plusieurs enjeux n’y figurent pas selon les porte-parole en matière d’agriculture du Parti libéral, Marie Montpetit, et de Québec solidaire, Émilise Lessard-Therrien. La reconnaissance de la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle chez les travailleurs agricoles et la création d’un fonds d’indemnisation pour ceux qui sont affectés par des maladies liées à l’exposition aux pesticides sont absentes du rapport. « C’est une grande déception », a souligné la députée solidaire. Aucune recommandation ne fait non plus état d’un suivi de la CAPERN auprès des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement pour rendre compte de la mise en œuvre des recommandations du rapport d’ici 1 an ou 18 mois.

Rappelons que Mmes Lessard-Therrien et Montpetit ont dévoilé un rapport parallèle en janvier comptant 50 recommandations. Elles affirment que le rapport serait entre les mains du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne.

En entrevue à La Terre le mois dernier, le ministre disait attendre les recommandations du rapport officiel pour peaufiner le Plan d’agriculture durable qu’il compte dévoiler au printemps.