Actualités 7 mars 2020

La révolution verte d’une entreprise québécoise

Une entreprise d’ici ne propose rien de moins qu’une révolution dans la lutte aux agents pathogènes présents dans les fermes, et ce, grâce à la molécule active contenue dans l’huile d’une plante aromatique!

Pour monsieur et madame Tout-le-Monde, le thym est une plante appréciée pour son bon goût et son parfum vivifiant. Mais pour l’équipe de Laboratoire M2, basé à Sherbrooke, c’est la source de l’ingrédient capable de répondre aux grands enjeux bio sécuritaires de l’industrie agroalimentaire.

La technologie derrière Thymox Hoof, qui a remporté le Prix de l’innovation au World Ag Expo en 2018, est aujourd’hui vendue en Amérique du Nord, en Europe, en Chine et au Japon.
La technologie derrière Thymox Hoof, qui a remporté le Prix de l’innovation au World Ag Expo en 2018, est aujourd’hui vendue en Amérique du Nord, en Europe, en Chine et au Japon.

« Le thym est utilisé depuis l’Antiquité pour ses vertus médicinales. Notre mission, c’est de développer toute une gamme de produits pour la santé animale et la protection des cultures à base de thymol, la molécule active qui donne à cette plante ses propriétés aseptiques, antibactériennes et antifongiques », explique Serge Auray, président de Laboratoire M2.

En 2016, l’entreprise a lancé sur le marché le Thymox Hoof, un médicament pour le contrôle de la dermatite digitée, une maladie infectieuse des onglons des bovins. Seul médicament de ce genre au pays, ce produit pour les bains de pieds est une solution de rechange écologique et non toxique au cuivre et au formaldéhyde pour limiter la contagion du troupeau en plus de favoriser la bonne santé des onglons. Reconnu comme médicament vétérinaire au Canada, il convient aux élevages bio puisqu’il a récemment reçu ses autorisations de Québec Vrai et OMRI. La technologie derrière Thymox Hoof, qui a remporté le Prix de l’innovation au World Ag Expo en 2018, est aujourd’hui vendue en Amérique du Nord, en Europe, en Chine et au Japon.

La biosécurité : un enjeu de taille

Les origines de Laboratoire M2 remontent à 2001, pendant la crise de la fièvre aphteuse qui a secoué la Grande-Bretagne. Chez lui, Serge Auray regardait à la télévision les images de milliers d’agneaux abattus pour limiter la contagion. « Je me suis dit que si on était capables de se rendre sur la Lune, on pouvait sûrement faire quelque chose pour prévenir ce type de gâchis. »

Dans l’esprit de cet ancien entrepreneur spécialisé dans le nettoyage de salles blanches et pharmaceutiques, il était évident que la biosécurité et la traçabilité des aliments allaient devenir des enjeux de plus en plus importants dans l’industrie agroalimentaire. « J’ai compris qu’un jour, on pourrait connaître l’origine d’un morceau de viande seulement avec le code-barre. C’est pourquoi la biosécurité devenait cruciale. Il y avait là une occasion d’affaires. »

Serge Auray est allé faire part de son idée à Sylvain ­Quessy, professeur de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et chercheur dans les domaines de la microbiologique et de l’immunologie. Ils sont rapidement arrivés à la conclusion que peu de produits de santé ­animale étaient respectueux de l’environnement.

Ensemble, ils ont jeté les bases de Laboratoire M2, dont la mission serait de développer des solutions de contrôle des éléments pathogènes grâce au thymol, une molécule qui se démarque par son caractère non toxique et biodégradable.

Le Thymox AG, un désinfectant conçu pour les bâtiments de fermes  porcines et les poulaillers, détruit les agents infectieux tels que E. coli,  Salmonella et les virus de la DEP et de l’Influenza.
Le Thymox AG, un désinfectant conçu pour les bâtiments de fermes porcines et les poulaillers, détruit les agents infectieux tels que E. coli, Salmonella et les virus de la DEP et de l’Influenza.

Direction Sherbrooke

En 2003, la jeune entreprise a fait construire un laboratoire à Sherbrooke où Sylvain Quessy a pu mener des tests sur les agents pathogènes les plus récurrents dans les fermes d’élevage. Cinq ans de travaux en recherche appliquée et l’appui de partenaires investisseurs ont été nécessaires avant le dépôt d’un premier brevet. Deux enjeux de taille se présentaient au chercheur : percer la protection naturelle des bactéries et trouver un procédé pour mélanger l’huile de thym et l’eau nécessaire à la fabrication de produits commercialisables.

« Sylvain tenait à faire les tests avec des bactéries environnementales parce qu’elles sont plus résistantes que celles cultivées en laboratoire. Ça l’aidait à recréer des conditions similaires à celles que vivraient les éleveurs. »

Après de longues années de recherche et de processus d’approbation, Laboratoire M2 a commercialisé en 2011 le Thymox AG, un produit désinfectant pour les bâtiments de fermes porcines et les poulaillers qui vient à bout de bactéries nocives pour l’être humain comme
E. coli. Forte de ce premier succès, l’entreprise a développé son médicament pour les bains de pieds, Thymox Hoof.

Miser sur l’innovation

Pour Serge Auray, le thymol est une véritable mine d’or qui n’a pas encore livré tous ses secrets. La petite équipe de 12 employés de Laboratoire M2 entend donc poursuivre sur sa lancée pour assurer la biosécurité des fermes partout dans le monde sans impact négatif pour l’environnement.

Depuis deux ans, l’entreprise travaille sur une formule spécifique à la fois biodégradable et non toxique pour tuer les pathogènes dans les champs. Approuvé comme pesticide dans 25 États américains, le Thymox Control est déjà utilisé pour les cultures de houblon, de cerises, de pommes et de cannabis.

Par ailleurs, Laboratoire M2 mène des tests pour éprouver un gel qui pourrait remplacer le traitement aux antibiotiques pour soigner la dermatite digitée… toujours grâce au thymol. « Les applications du thymol sont presque illimitées. En fin de compte, la véritable stratégie de l’entreprise, c’est d’innover. » 


Ce portrait d’entreprise d’ici est une présentation de