Un peu d’audace pour réaliser un rêve

ADSTOCK – Carolyn Barrette et son conjoint, Julien Poitevin, ont transformé la difficile période de confinement de la pandémie de COVID-19 en occasion de réaliser un rêve familial, et ils se sont installés à la campagne en septembre 2021. Ils ont pris plusieurs risques pour se lancer dans l’aventure de leur vie, la création des Élevages du patrimoine.

Fiche technique

Nom de la ferme
Les Élevages du patrimoine

Spécialités
Bovins, porcs, dindons, volailles et petits fruits

Année de fondation
2021

Noms des propriétaires
Carolyn Barrette et Julien Poitevin

Nombre de générations
1

Superficie en culture
Un total de 26 hectares. La famille cultive notamment 1 500 fraisiers, 600 framboisiers et 200 bleuetiers. 

Cheptel
13 vaches de race Highland, 6 vaches de race Galloway, 23 porcs, une cinquantaine de poules pondeuses, 9 dindons, 6 moutons et 20 ruches

Après un coup de cœur instantané et sans même effectuer une inspection, Carolyn et Julien ont acheté un petit lopin de terre de 50 hectares qui comprenait une maison et un vieux bâtiment de ferme. Les propriétés se vendaient comme des petits pains chauds et le couple ne voulait pas manquer la chance d’une vie, celle de voir leur grande famille reconstituée de six enfants s’épanouir à la ferme. Malgré quelques mauvaises surprises par la suite – infiltrations d’eau, notamment –, le couple n’a jamais regretté la décision de se lancer dans ce projet commun. Aujourd’hui, Les Élevages du patrimoine comprennent plusieurs variétés d’animaux comme des bœufs Highland, des bœufs Galloway, des porcs d’hiver de race Mangalitza, des dindons et des poules.

Carolyn et Julien ont aussi initié leurs six enfants, âgés de 3 à 13 ans, à l’agriculture selon leurs aptitudes et leurs intérêts. L’aîné, Helliot Poitevin, épaule constamment son père dans les différentes tâches. 

De plus, même s’il est trop tôt pour savoir si la ferme aura une relève à long terme, l’effet de la vie en campagne est déjà significatif pour tous. « C’est merveilleux de pouvoir vivre ça en famille, souligne Carolyn. On va souvent dans le bois ensemble pour profiter de la nature. La ferme nous a permis de créer des liens forts [en tant que famille reconstituée]. Avant, les enfants passaient moins de temps ensemble et ils étaient souvent dans leur chambre. Lorsqu’on a acheté la terre, cela nous a vraiment rapprochés. Les enfants ont mis de côté les jeux vidéo. Nous sommes tous plus unis. »

« Notre première année a été parsemée d’embûches, surtout que nous n’avions pas de tracteur pendant quelques mois au début, explique Carolyn. J’aime la liberté que nous avons en famille. Je ne réalise même pas encore que c’est chez nous. Notre vue est splendide! Je n’en reviendrai probablement jamais. » 

De Paris à la campagne

Après avoir grandi en ville à Québec en rêvant d’être agricultrice, Carolyn Barrette a terminé un baccalauréat en agronomie en 2016. Trois ans plus tard, elle a rencontré Julien Poitevin, un soudeur originaire de Paris qui ne connaissait absolument rien à la ferme. Le principal intéressé, qui résidait à Thetford Mines, s’est facilement laissé convaincre de se lancer dans l’inconnu. Confiné en ville, Julien Poitevin était malheureux.

« J’ai sauté dans l’aventure immédiatement, sans hésiter, dit-il. Dès que Carolyn m’a parlé du projet, j’ai lâché ma job pour travailler dans une ferme pendant un moment pour acquérir de l’expérience […]. La pandémie a été le déclic pour moi. »

Carolyn Barrette et Julien Poitevin ont une famille reconstituée de six enfants : Mallory Émilie Barrette, Damien Alexandre Barrette, June Poitevin, Ana-Kim Barrette, Mila Alicia Barrette et Helliot Poitevin.
Carolyn Barrette et Julien Poitevin ont une famille reconstituée de six enfants : Mallory Émilie Barrette, Damien Alexandre Barrette, June Poitevin, Ana-Kim Barrette, Mila Alicia Barrette et Helliot Poitevin.

Plaisir à partager

En plus de vendre plusieurs produits, le couple a tout mis en œuvre pour partager sa passion pour le métier. Carolyn Barrette et Julien Poitevin se sont récemment ouverts à l’agrotourisme. Les visiteurs peuvent camper et piqueniquer sur le site de la ferme.

À long terme, la ferme Les Élevages du patrimoine continuera de se diversifier. Les propriétaires aimeraient notamment acquérir des bœufs Wagyu et des canards. « Je souhaite conserver une production à échelle humaine qui va miser sur l’aspect local, confie Julien Poitevin. Je veux donner accès à la ferme au public pour avoir un contact direct avec les gens. Je ne veux pas une ferme avec une grande distribution. » 

Des projets, Carolyn et Julien continueront assurément d’en avoir longtemps puisqu’avant de continuer de concrétiser leurs rêves sur le plan professionnel, le couple se mariera le 25 juin prochain.

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Une terre sans engrais chimique

Si Carolyn Barrette et son conjoint ont pris près de 18 mois avant de concrétiser leur projet, c’est notamment parce qu’ils recherchaient un lopin de terre n’ayant jamais reçu de l’engrais chimique pour leur exploitation. Le souci de l’environnement et la qualité du produit sont des valeurs essentielles au couple. « Notre priorité est la santé des consommateurs, le bien-être animal et la qualité des produits que nous offrons, énumère Carolyn. Nos produits sont rares parce qu’ils ne sont pas nécessairement les plus rentables. Le principe de la permaculture et de l’économie circulaire est au cœur de notre projet. »  

Carolyn Barrette a réalisé un rêve de jeunesse, avec une famille reconstituée de six enfants. Sur cette photo, elle est accompagnée de sa fille Ana-Kim et de son fils Damien Alexandre..
Carolyn Barrette a réalisé un rêve de jeunesse, avec une famille reconstituée de six enfants. Sur cette photo, elle est accompagnée de sa fille Ana-Kim et de son fils Damien Alexandre..

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Le bon coup de l’entreprise

Carolyn Barrette a eu l’idée de contacter plusieurs entreprises locales pour leur offrir de récupérer certains déchets alimentaires.
Carolyn Barrette a eu l’idée de contacter plusieurs entreprises locales pour leur offrir de récupérer certains déchets alimentaires.

Pour jumeler la rentabilité de son entreprise à sa volonté de lutter contre le gaspillage alimentaire, Carolyn Barrette a eu l’idée de contacter plusieurs entreprises locales pour savoir s’il était possible de récupérer certains déchets alimentaires. 

La Boulangerie St-Méthode offre ses produits non vendus aux Élevages du patrimoine, tout comme la Microbrasserie des Haldes qui permet de donner une seconde vie à la drêche, un déchet riche en protéines issues de la production d’alcool. « Nos cochons adorent ça, souligne Carolyn. Un porc qui mange des restes alimentaires va avoir un meilleur goût. Ça donne une valeur ajoutée à notre produit. » Sur le plan économique, cela permet d’alimenter quelques bêtes à moindre coût.

« Cet hiver, je ne vous cacherai pas que c’était plus difficile pour nous financièrement et que nous étions vraiment contents de recevoir l’appel de la microbrasserie qui nous offrait de la drêche, ajoute Carolyn. Cela nous permet de réduire nos coûts de production. »