Ma famille agricole 23 septembre 2018

Si Narcisse voyait ça

HÉROUXVILLE — Si Narcisse Gervais avait la chance de remonter le rang Sud d’Hérouxville aujourd’hui, il s’enorgueillirait de constater ce qu’est devenue la ferme qu’il a construite en 1913 et dans laquelle ses 15 enfants ont grandi. Il irait sûrement saluer et remercier trois de ses arrière-arrière-petits-fils qui brandissent fièrement le flambeau familial.

Avec leur cousin François, les frères Luc et Daniel Gervais exploitent depuis 2004 la Ferme Germec, dont le troupeau laitier comprend 245 têtes. Cette cogestion n’est pas nouvelle puisque avant eux, c’étaient les frères Léo-Paul, Martin et Edgar (le père de François) qui ont tenu les rênes de l’entreprise durant près de trente ans. « Notre père Normand et notre autre oncle Claude y travaillaient comme employés », raconte Luc Gervais. 

Si se lancer en affaires en famille n’est pas toujours garant de succès, l’histoire des Gervais démontre le contraire. « On a chacun nos forces, explique Luc. Moi, je m’occupe de la comptabilité et de la gestion des champs, Daniel, du troupeau, et notre cousin François, de l’entretien des bâtiments et de l’équipement. On a bien sûr un droit de regard sur les décisions, mais on ne va pas jouer dans la poutine des autres. »

Ces responsabilités bien délimitées et ce degré de confiance mutuel sont des principes bien ancrés depuis longtemps chez les Gervais. Par exemple, une fois le transfert de la ferme complété au début des années 2000, les cédants étaient disponibles pour donner des conseils, mais n’ont jamais joué « aux belles-mères » avec les représentants de la 4e génération. 

Une nouvelle étable de près de 30 000 pieds carrés est présentement en construction à la Ferme Germec au coût de plus de 1 M$.
Une nouvelle étable de près de 30 000 pieds carrés est présentement en construction à la Ferme Germec au coût de plus de 1 M$.

Même si François a fait un court détour dans le domaine des télécommunications, le temps de constater que la vie dans les champs l’intéressait davantage que les circuits électroniques, la vocation agricole a toujours été une certitude pour les trois hommes. « À 12 ans, je travaillais déjà à la ferme et c’est ça que je voulais faire », souligne Luc, qui a terminé sa formation agricole à Victoriaville en compagnie de son frère. 

Présentement dans la force de l’âge, les trois hommes ne planifient évidemment pas encore la relève. « Les enfants viennent quelquefois nous aider et on leur donne des sous pour les récompenser, mais il n’y a pas d’obligation. Ils viennent quand ça leur tente. Il faut que tu aimes ça, car si tu fais ça à contrecœur, tu vas trouver ça long. Dans une ferme, tu sais quand tu commences, mais pas quand tu finis », conclut Luc. 

Habitués aux honneurs

En dépit de leurs occupations dans la ferme laitière, les Gervais ont toujours été très impliqués dans la communauté, que ce soit dans les instances de l’Union des producteurs agricoles (UPA), de la coopérative, du Club Holstein, de la municipalité ou des organismes communautaires. Les membres de la 4e génération perpétuent cette tradition d’engagement et d’excellence. En 2016, la Ferme Germec a reçu l’Ordre national du mérite agricole dans la catégorie Bronze. Puis, en 2017, elle a été désignée Famille agricole de l’année lors du Gala des Gens de Terre et Saveurs de la Fédération de l’UPA de la Mauricie.

Bernard Lepage, collaboration spéciale

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