La deuxième vie d’une ferme abandonnée

SAINT-BRUNO – Tous les deux issus de familles de producteurs laitiers, Maxime Turcotte et Marie-Ève Côté, de Saint-Bruno, ont lancé leur propre entreprise en 2007 sur le site d’une ferme abandonnée. Grâce à leur détermination et leur passion pour l’agriculture, ils ont fait de la Ferme Mariemax une entreprise performante et en croissance constante.

On dit parfois que pour vivre de l’agriculture, il faut avoir une vocation tellement ce travail est exigeant et demande de faire de grands sacrifices. En contrepartie, il apporte aussi de grandes satisfactions. Cet énoncé décrit bien le choix de vie que Maxime Turcotte et Marie-Ève Côté ont fait, en 2007, alors que d’autres possibilités auraient pu s’offrir à eux. Ils ont voulu redonner vie à l’ancienne ferme de l’oncle de Maxime qui n’avait pas été exploitée depuis cinq ans. Aujourd’hui, quand ils portent un regard sur ce qu’ils ont accompli au cours des seize dernières années, pas une seule journée, ils ne regrettent d’avoir pris cette voie.

Comme la ferme n’était plus en exploitation, le couple a pu bénéficier d’un programme d’aide au démarrage d’entreprises laitières des Producteurs de lait du Québec. « Cette aide a été significative pour nous », affirme la productrice. Maxime et Marie-Ève ont toujours continué à acquérir du nouveau quota de façon à prendre de l’expansion. La ferme produit aujourd’hui 85 kilos de matière grasse par jour avec 70 vaches en lactation et 10 vaches taries sur un troupeau d’une centaine de têtes, souligne Maxime. La ferme élève également toutes ses génisses de remplacement.

« Les premières années ont été plus difficiles, mais nous avons toujours été en progression », précise-t-il. Depuis ses débuts, la ferme a même quintuplé son chiffre d’affaires.

Pour pallier des revenus plus modestes les premières années, le producteur offrait un service de déneigement en parallèle à son travail à la ferme. « Je faisais toute la section commerciale de Saint-Bruno », dit-il. Les bons rendements de l’entreprise lui ont permis de cesser cette activité qu’il a exercée durant 15 ans et de se concentrer exclusivement sur son métier d’agriculteur. Il a vendu l’équipement de déneigement pour investir davantage sur ses terres.

Les propriétaires ont redonné vie à l’ancienne ferme de l’oncle de Maxime qui n’avait pas été exploitée depuis cinq ans. Photo : Gracieuseté de la famille Turcotte-Côté  

Collaboration fraternelle

Bien que chaque troupeau soit autonome, l’agriculteur effectue plusieurs travaux en collaboration avec ses frères, Guillaume et Jean-Pierre, eux aussi producteurs laitiers. Ils se partagent l’équipement, se donnent des coups de main lors des semences et des récoltes, et ont tous les trois fondé une compagnie pour l’achat de terres.

En plus de la production laitière, la Ferme Mariemax se spécialise dans les grandes cultures. Elle cultive de l’avoine, de l’orge et du soya sur environ 500 acres (200 hectares). Les trois terres des frères cumulent quelque 900 acres (365 hectares) en culture. Maxime évalue que 30 % des revenus de sa ferme proviennent de ce secteur.

Au fil des ans, l’entreprise laitière a investi dans de nouveaux bâtiments, dont la vacherie, en 2013. Un agrandissement, en 2018, a permis d’y ajouter 35 places. Il est important, souligne l’agriculteur, que les bâtiments soient confortables et bien entretenus.

Maxime se concentre sur les travaux aux champs durant l’été, veille aux travaux mécaniques et à l’alimentation des bêtes. Marie-Ève s’occupe surtout de gérer le troupeau de la ferme, d’effectuer les tâches connexes ainsi que la comptabilité.

« Nous avons deux garçons, Éli, 15 ans, et William, 11 ans, qui nous donnent un gros coup de main, de même qu’un travailleur étranger du Guatemala », dit-elle. Même s’ils sont encore jeunes, les garçons sont déjà intéressés par le travail agricole et se dessinent comme la relève. « Venir à la ferme avec nous chaque jour, ça fait partie de leur routine », ajoute leur mère. L’été, Éli y travaille d’ailleurs à temps plein.

Pour l’avenir, Maxime et Marie-Ève veulent simplement continuer à améliorer la croissance de l’entreprise. Ils ne prévoient pas convertir la traite à un système robotisé ou effectuer de grands travaux de modernisation. « On préfère mettre notre argent sur l’achat de terres et de quotas », indique le producteur.

Maxime Turcotte estime qu’il est primordial de bien contrôler le coût des aliments, des différents intrants et des apports en protéines de son troupeau. Photo : Gracieuseté de la famille Turcotte-Côté

Le bon coup de l’entreprise

Chez les Turcotte-Côté, le meilleur coup de l’entreprise a été, sans aucun doute, d’acheter de nouveaux kilos de quota au fil des ans, ce qui a grandement contribué à faire croître les revenus de la ferme. Ils estiment qu’à elle seule, l’aide au démarrage avec le prêt de quota par les Producteurs de lait du Québec n’aurait pas suffi à faire progresser l’entreprise laitière. Il fallait donc, selon Maxime et Marie-Ève, faire de nouvelles acquisitions au fil des ans pour ne pas stagner. L’achat de terres a été aussi pour eux un moyen d’assurer la croissance de la ferme. Ils se félicitent donc de l’avoir fait. 

3 conseils pour obtenir un meilleur rendement

  • Travail acharné

Pour prendre sa place en agriculture, il faut être une travailleuse ou un travailleur acharné. Selon Maxime Turcotte, on ne doit pas compter ses heures. Quel que soit le moment du jour ou de la nuit, quand le besoin se manifeste, il faut être prêt à réagir et être, entre autres, présent lors des vêlages.

  • Bonne gestion du troupeau

Savoir bien gérer son troupeau est une condition gagnante pour tout agriculteur. Une bonne gestion financière est indispensable à tous les niveaux. Cela implique, par exemple, de bien contrôler le coût des aliments, des différents intrants et des apports en protéines. Une bonne gestion appliquée à tous les postes de dépenses permet à l’entreprise de bien performer sur les marchés et d’avoir une croissance soutenue. La calculatrice est un outil indispensable pour réussir en agriculture.

  • Santé des animaux

Un troupeau en bonne santé sera beaucoup plus performant, selon Maxime Turcotte. Il ne faut pas négliger de bien vacciner les animaux et de surveiller les veaux dans leurs premiers mois de croissance. De plus, une alimentation saine et équilibrée contribuera à garder les bêtes en bonne santé. La hausse de production compensera les investissements requis en vue d’assurer le bien-être physique des animaux. Ce n’est jamais perdu.

Le travailleur Johny Marroquin (à gauche), originaire du Guatemala, apporte une précieuse aide à la ferme. Photo : Gracieuseté de la famille Turcotte-Côté
Fiche technique 🐄🌾
Nom de la ferme :

Ferme Mariemax

Spécialités :

Ferme laitière et de grandes cultures

Année de fondation :

2007

Noms des propriétaires :

Maxime Turcotte et Marie-Ève Côté

Nombre de générations :

1

Superficie en culture :

500 acres (200 hectares)

Cheptel :

80 vaches laitières et 30 génisses de remplacement


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