Ma famille agricole 19 avril 2020

Héritage retrouvé après avoir divergé du chemin tracé

DESCHAMBAULT-GRONDINES – Sur les terres ancestrales des Mayrand, la tradition familiale vieille de 250 ans retrouve sa vocation nourricière. Après des études universitaires en sciences sociales, les propriétaires des Jardins de la Chevrotière ont dévié de leur trajectoire et surpris leur entourage.

C’est dans un jardin du Mexique, en 2008, que le jeune couple formé par Jérôme Thivierge et Geneviève Mayrand-Papillon évoque l’idée de faire de l’agriculture nourricière, bio et locale. « On était très rêveurs », se rappelle Jérôme.

Ce moment marque un tournant. « Ça voulait dire qu’on avait envie de s’engager ensemble et de faire quelque chose qui se rattache à la terre », poursuit Geneviève. L’intervenante sociale de Québec change alors de carrière pour concrétiser leur projet.

Les proches sont réticents. « Nos parents trouvaient que c’était se donner de la misère », raconte Jérôme. Même son de cloche chez les Mayrand. Moïse Mayrand et Jeanne Darveau, les grands-parents de Geneviève ont déjà eu une ferme tout près, mais aucun de leurs onze enfants n’a repris le flambeau. En 2016, Les Jardins de la Chevrotière naissent sur la terre ancestrale agricole préservée par le père de Geneviève.

Les enfants accompagnent leurs parents dans les travaux de ferme, en plus d’avoir leur propre potager. Photo : Gracieuseté des Jardins de la Chevrotière
Les enfants accompagnent leurs parents dans les travaux de ferme, en plus d’avoir leur propre potager. Photo : Gracieuseté des Jardins de la Chevrotière

Une grosse dose de réalisme

En cours de route, trois enfants se sont ajoutés à l’aventure. « C’est sûr que la présence des enfants et donc la nécessité de devenir rapidement rentable, ç’a ajouté une grosse dose de réalisme à notre projet », réfléchit Geneviève.

Les anciens militants écologistes doivent élargir leur vision. Ils obtiennent une certification biologique et prennent soin des sols, mais « ce qu’on fait n’est pas pareil à notre rêve initial, confirme Jérôme. Par exemple, on fait un peu de plasticulture dans les champs. » « Au fil du temps, on est allé acquérir de l’expérience et des études en agriculture », ajoute Geneviève. En 2016, leurs paniers bio nourrissaient soixante familles chaque semaine. Ce chiffre devrait ­passer à trois cents cette année.

Depuis leur première saison passée dans une roulotte, la famille s’est installée, a appris à s’organiser pour concilier vie aux champs et vie de famille, même si ça reste un défi. « L’aide de nos parents pour faciliter le quotidien est majeure », ajoute le couple, avec gratitude. Et puis, les fillettes ont grandi. Elles ont leur propre potager. Ça promet!

Une proximité fondamentale

« La proximité avec les gens a toujours été à la base de notre projet », insiste Jérôme. « C’est central! » complète Geneviève. L’été, cette dernière rédige même un billet hebdomadaire, envoyé aux familles partenaires, dans lequel elle raconte avec sensibilité et humour les réalités à la ferme. « On aime nourrir le monde de notre coin, de notre région », lance-t-elle. Distribués en circuit court, leurs fruits et légumes seront bientôt offerts 24 heures sur 24 aux villageois, grâce à un frigo libre-service. Plus encore, être membre du Réseau des fermiers de famille, une plateforme virtuelle pour choisir son panier bio, leur a permis de s’unir à une communauté de maraîchers. 

Emilie Nault-Simard, collaboration spéciale

https://www.desjardins.com/