Ma famille agricole 21 janvier 2018

Les Forget, les résistants de Laval

LAVAL — La 7e génération d’agriculteurs de la famille Forget est l’une des rares qui restent dans ce coin de Laval. « On a été des résistants », lance Yvon Forget, 90 ans, qui a participé à la création de la gestion de l’offre dans le lait.

Ce dernier se souvient de la « grosse spéculation » des années 1960 et des offres de promoteurs « en Cadillac noire » pour ses terres. Il a toujours refusé.

Le premier Forget, Nicolas, est arrivé de Montréal en 1821. « Il s’est établi avant les seigneurs. Il défrichait et les Indiens passaient dans la rivière à côté », raconte Yvon, le patriarche de la famille. Les choses ont bien changé depuis; les terres sont maintenant entourées de résidences.

On compte aujourd’hui trois entreprises distinctes qui s’ajoutent à l’exploitation originale. Ces deux fermes laitières et une autre maraîchère font vivre huit familles de Forget sur à peine plus de superficies qu’il y a 20 ans.

Mathieu Forget a décidé de se lancer en production maraîchère pour maximiser les revenus à l’hectare des terres de Laval. Crédit photo : Thierry Larivière / TCN
Mathieu Forget a décidé de se lancer en production maraîchère pour maximiser les revenus à l’hectare des terres de Laval. Crédit photo : Thierry Larivière / TCN

Les terres appartiennent à trois des fils d’Yvon : Luc, Alain et Benoit. Elles approvisionnent en fourrages deux fermes laitières. L’une d’elles est la propriété d’Alain et de ses deux fils, Louis et Christian. L’autre est entre les mains de Luc et de ses fils Nicolas et Olivier. Finalement, Benoit et son fils Mathieu ont fondé une exploitation maraîchère qui vend ses légumes au Kiosque chez Forget, de l’avenue Marcel-Villeneuve. « C’est un style de compagnie de groupe qui ne se voit pas beaucoup, mais peut-être qu’il va y en avoir plus avec les valeurs en jeu », explique Benoit. « Il a fallu qu’on vole de nos propres ailes. Ce n’était pas le meilleur choix de lancer une 3e ferme laitière », raconte Mathieu, qui dit profiter du fait qu’il est proche de la ville pour vendre ses légumes, même si cette localisation fait en sorte que « les terres ne sont pas achetables et il n’y en a pas de toute façon ». Il fallait donc trouver une production qui maximise les revenus à l’hectare. Le kiosque compte aussi sur l’appui de la mère de Mathieu, Line Perreault, qui transforme certains fruits et légumes destinés à la vente. « Les gens veulent des produits maison qui viennent de la ferme », explique–t-elle. D’ailleurs, elle va bientôt avoir sa cuisine directement au kiosque. 

Contrer les spéculateurs

Les agriculteurs lavallois sont aux prises avec les accapareurs de terres depuis très longtemps et ont quelques idées sur la question. « Si le gouvernement enlevait le remboursement de taxes aux spéculateurs, les producteurs récupéreraient des terres », estime Benoit. « C’est un taux de taxes distinct que ça prendrait. On ne taxe pas le coffre à outils des ouvriers », lance Yvon.

« Si on conservait le remboursement de taxes, mais avec un plafond de la valeur taxable, le gouvernement pourrait s’assurer de ne pas payer plus », mentionne Benoit, qui propose par ailleurs un système comme celui de la France où des organisations régionales priorisent la relève pour l’achat de toutes les terres qui deviennent disponibles.