Ma famille agricole 2 janvier 2022

Cap sur les 500 kg de matière grasse par jour

SAINT-PHILÉMON — Si le passé est garant de l’avenir, l’éventuel passage de flambeau entre la troisième et la quatrième génération de Pouliot, une famille de producteurs laitiers de Bellechasse, devrait s’effectuer sans heurts. Et dans la bonne humeur.

Fiche technique

Nom de la ferme
Ferme Émilien Pouliot et Fils

Spécialité
Production laitière

Année de fondation
1946

Noms des propriétaires
Éric et David Pouliot

Nombre de générations
4

Cheptel
500 vaches de race Holstein, dont 215 en lactation

Éric et son frère David sont le « et Fils » de la Ferme Émilien Pouliot et Fils. Ensemble, les deux hommes respectivement âgés de 50 et 47 ans constituent la troisième génération de Pouliot à produire du lait sur les hauteurs du secteur de Bellechasse, à l’ombre des éoliennes du Massif du Sud. « C’est notre grand-père Alphonse qui a fondé l’entreprise familiale en 1946. Nous avons eu la chance de travailler avec lui jusqu’en 1999, année de sa mort », racontent les producteurs laitiers, qui ne tarissent pas d’éloges envers ce « bon travaillant, pas stressé pantoute » parti à l’âge de 91 ans.

Au départ, la ferme se consacrait aux productions laitière et porcine. Cette dernière vocation a été abandonnée au milieu des années 2000 par manque d’intérêt de la part d’Émilien et de ses fils. Au décès de leur père en 2016 – il avait 67 ans –, Éric et David ont donc hérité d’une ferme 100 % laitière. « Nous en étions alors à près de 200 kg de matière grasse par vache par jour. Pas question toutefois de se croiser les bras. Comme notre père et notre grand-père avant nous, nous travaillons constamment à grossir et nous améliorer », affirme Éric Pouliot. Le but : léguer une entreprise en bonne santé à la relève.

Tricotée serré

La quatrième génération est déjà bien impliquée. Alex, 28 ans, et son frère Rémi, 25 ans, travaillent au sein de l’entreprise. « Parmi mes trois enfants, il n’y a que Rose, 21 ans, qui travaille à l’extérieur », précise Éric. De l’autre côté, Roxanne, 19 ans, se consacre aussi à temps plein à la ferme. « Étienne, 16 ans, et Gabriel, 14 ans, sont encore trop jeunes », pense David. Fait cocasse : plusieurs ont obtenu – ou sont en voie d’obtenir, dans le cas d’Étienne – un diplôme d’études professionnelles en production laitière au Centre de formation agricole de Saint-Anselme. « Des Pouliot, il y en a presque systématiquement sur les photos de finissants ces années-ci! » mentionne-t-il.

En cinq ans, la Ferme Émilien Pouliot et Fils est passée de 200 à 300 kg de matière grasse par vache par jour.
En cinq ans, la Ferme Émilien Pouliot et Fils est passée de 200 à 300 kg de matière grasse par vache par jour.

L’ambiance à la ferme est chaleureuse. Les deux familles sont visiblement très proches, jusqu’à se confondre. Tous leurs membres habitent d’ailleurs à proximité les uns des autres sur la route 216, à l’entrée du village de Saint-Philémon. « Tout le monde a ses tâches quotidiennes à faire, ça roule rondement », résume David. « Nos enfants bénéficient du meilleur des cadres pour apprendre à travailler. Nous leur faisons confiance, leur donnons leurs chances et les consultons systématiquement dans nos décisions d’affaires », pense pour sa part Éric. Les deux familles détiennent des parts égales dans l’entreprise.

Les deux familles sont très proches, jusqu’à se confondre : Gabriel, Roxanne, Étienne, David, Éric, Rémi, Alex et Rose Pouliot. Photo : Gracieuseté de la Ferme Émilien Pouliot et Fils
Les deux familles sont très proches, jusqu’à se confondre : Gabriel, Roxanne, Étienne, David, Éric, Rémi, Alex et Rose Pouliot. Photo : Gracieuseté de la Ferme Émilien Pouliot et Fils

Avenir prometteur

La formule semble fonctionner. Depuis 2016, la ferme a connu une croissance soutenue alimentée notamment par des rachats de terres dans la région. Son quota est aujourd’hui d’environ 300 kg de matière grasse par jour par vache. Le troupeau de race Holstein compte 500 têtes, dont 215 en lactation. En outre, 400 des 850 hectares (1 000 des 2 100 acres) de terre de la ferme sont en culture et la famille entaille chaque printemps plus de 15 000 érables à sucre. Un silo à grains de 27,3 m (4 pi) de largeur par 30,5 m (100 pi) de hauteur a récemment fait son apparition dans le décor, tout comme un second mélangeur de marque V-Mix. Une nouvelle récolteuse de fourrage automotrice a aussi été acquise.

Les Pouliot préparent le terrain en vue de leur prochain gros projet : la construction d’une nouvelle étable robotisée capable d’accueillir 300 vaches en lactation. Si tout va bien, celle-ci pourrait sortir de terre dès l’année prochaine, en 2022. « La robotisation va nous permettre d’aller chercher une troisième traite par jour. Nous tirons actuellement à 33 litres de lait par vache par jour; nous sommes sûrs d’atteindre 40 litres », prévoit Éric, qui rêve ouvertement d’augmenter le quota de la ferme à 500 kg de matière grasse par vache par jour.

 

La ferme compte 215 vaches Holstein en lactation.  Photo : Gracieuseté de la Ferme Émilien Pouliot et Fils
La ferme compte 215 vaches Holstein en lactation. Photo : Gracieuseté de la Ferme Émilien Pouliot et Fils

Le bon coup de l’entreprise

La Ferme Émilien Pouliot et Fils ne compte que des Pouliot parmi ses rangs. Aucun employé extérieur n’y travaille. L’air de rien, cela a été un atout indéniable au plus fort de la pandémie de COVID-19, alors que de lourdes mesures de santé publique ont paralysé plusieurs milieux de travail. « Le virus ne nous a pas trop affectés. Comme nous constituons une grosse bulle familiale, il y avait peu de chances que nous le rentrions dans la ferme », se souvient Éric Pouliot. En fin de compte, ce sont surtout les longs délais d’approvisionnement ainsi que la hausse du coût des matériaux de construction qui leur a rappelé la crise sanitaire. 

 

Équipement techno

Les Pouliot ont récemment investi dans un nouveau système d’alimentation automatisé. L’ancien datait de près de vingt ans! C’est auprès de Valmetal, une entreprise familiale de la région de Drummondville spécialisée dans les équipements d’alimentation de vaches laitières, qu’ils se sont tournés. « Le système gère simultanément l’alimentation de nos deux groupes de bêtes. Cela a pour effet d’accélérer nos opérations », souligne Éric Pouliot. Et pour cause : dès 7 h 30 du matin, les 500 têtes du troupeau sont toutes soignées. 

Éric Pouliot manipulant le nouveau système d’alimentation automatisé. Photo : Maxime Bilodeau
Éric Pouliot manipulant le nouveau système d’alimentation automatisé. Photo : Maxime Bilodeau

Maxime Bilodeau, collaboration spéciale