Actualités 29 novembre 2017

La lutte intégrée, pas si sorcier

En lutte intégrée, tous les gestes qui aident à préserver l’environnement comptent, même les plus petits.

« Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas tout [selon les principes de la lutte intégrée] qu’on ne peut pas en faire au moins un minimum », indique la coordonnatrice du Pôle d’excellence en lutte intégrée (PELI), Anne Ammerlaan. C’est le message qu’elle souhaite transmettre aux producteurs le 8 décembre prochain lors des Journées horticoles et grandes cultures de Saint-Rémi.

Petits gestes

Idéalement, à la fin de la présentation d’Anne Ammerlaan, les agriculteurs auront compris que l’application de la lutte intégrée n’est pas une mission impossible. Par exemple, ils seront conscients qu’aménager des bandes fleuries afin de réduire l’utilisation des insecticides ou effectuer la rotation des grandes cultures pour aider à prévenir la résistance des mauvaises herbes peut faire une différence. En fait, tous les gestes qui contribuent à préserver l’environnement ont leur importance et beaucoup de personnes travaillent déjà en régie intégrée sans même le savoir, avance Anne Ammerlaan.

Denys Van Winden, des Productions horticoles Van Winden, abonde dans le même sens. Celui qui animera le 8 décembre la présentation La lutte intégrée est-elle un luxe? souligne que les procédés simples sont à la portée de tous. Pour lui, la première chose à faire est de noter quotidiennement tout ce qui est réalisé dans la journée à la ferme. Inscrire sur papier les actions que l’on pose permet d’effectuer un suivi adéquat, mais principalement de prendre conscience de ses façons de faire et de les remettre en question en ayant en tête de protéger tant l’environnement que ses employés.

Denys Van Winden se rappelle qu’à une certaine époque, les travailleurs accroupis dans le champ baissaient tout simplement la tête quand le tracteur pulvérisait un traitement dans leur rangée, ce qui occasionnait plus tard bien des maux. Aujourd’hui, connaître exactement le délai d’entrée des employés au champ permet d’améliorer leur bien-être. « On ne réalisait pas l’impact de nos actions », avoue-t-il. Les Van Winden travaillent avec les Productions en régie intégrée du sud de Montréal (PRISME) depuis longtemps. Ils sont « tombés dans le bain » de la lutte intégrée assez rapidement, même si, au début, ce n’était pas payant.

L’automne dernier, les consommateurs étaient curieux d’acquérir des notions de lutte intégrée au Parc olympique de Montréal.
L’automne dernier, les consommateurs étaient curieux d’acquérir des notions de lutte intégrée au Parc olympique de Montréal.

Pas un luxe

La lutte intégrée n’est « vraiment pas un luxe », concluent les deux intervenants. C’est un genre de médecine préventive. Les cas de cancer chez les producteurs ne sont pas rares. « Ça fait réfléchir », dit M. Van Winden. Il explique que l’objectif de l’agriculture n’est pas de « cultiver aujourd’hui pour empoisonner des gens [plus tard] », mais que les producteurs ne sont peut-être pas préparés à faire face à un changement de paradigme. Et les modifications de comportement prennent du temps à porter fruit. L’équipe du PELI ne pourrait faire avancer les choses sans le Centre local de développement (CLD) des Jardins-de-Napierville, la MRC des Jardins-de-Napierville, le ministère de l’Agriculture et l’Association des producteurs maraîchers du Québec. 

Se lancer dans l’arène

Selon Anne Ammerlaan, cinq règles devraient alimenter la réflexion des producteurs désireux de se lancer en lutte intégrée ;

  • Choisir son but : « Quel est l’ennemi que je veux combattre? »
  • Évaluer la situation : « Quelles sont mes pratiques? »
  • Se respecter : « Quelles actions pourrais-je mettre en application selon mes principes? »
  • Ne pas se mettre trop de pression. Attendre la saison hivernale pour bien planifier ses activités.
  • En parler avec d’autres producteurs et son conseiller agronomique.