Actualités 10 juillet 2018

Les importations au pilori

Plutôt que de vouloir « nourrir la planète », les États-Unis devraient alimenter leur marché intérieur et limiter leurs échanges commerciaux, affirment plusieurs producteurs de lait du Wisconsin rencontrés par La Terre, tandis que le spectre de l’intégration plane sur le secteur.

KENDALL — « Ce qui est triste, c’est que les États-Unis ne produisent même pas assez de lait pour combler la demande intérieure, mais qu’ils importent des ingrédients laitiers qui viennent compétitionner notre lait et faire baisser les prix, dénonce Joel Greeno, dirigeant des Family Farm Defenders et ex-producteur de lait. Notre président aime se vanter d’appliquer des tarifs. S’il se préoccupe des agriculteurs, il n’a qu’à en mettre sur les importations de concentrés de protéines laitières. »

La forte dépendance aux marchés d’exportation est également montrée du doigt. Selon l’U.S. Dairy Export Council, les États-Unis exportent environ 18 % de leur production. Les récents droits compensateurs sur les exportations laitières américaines annoncés par la Chine et le Mexique en réponse aux attaques commerciales du président Trump tireront vraisemblablement le prix à la ferme vers le bas. Déjà, les cours des denrées laitières à la Bourse de Chicago ont amorcé leur plongeon.

Souveraineté

Le commerce entre les différents États américains pose aussi problème. Ainsi, le Wisconsin est aux prises avec du « dumping » de lait de l’État voisin. « Il y a 23 camions qui entrent tous les jours ici en provenance du Michigan », fustige M. Greeno.

« Il y a beaucoup de lait bio du Texas et du Colorado qui vient nous couper l’herbe sous le pied », critique Jim Goodman, président de la National Family Farm Coalition. Le dirigeant se demande si ce lait respecte vraiment les exigences de la production biologique.

Il y a environ un an, une dizaine de producteurs sur sa ligne de ramassage de lait ont perdu leurs contrats avec leur coopérative. « Notre lait a été détrôné par celui d’un autre État. Certains confrères ont dû vendre leur troupeau », se désole M. Goodman. « C’est un sujet qui soulève beaucoup de mécontentement auprès des producteurs du Wisconsin », confirme Kara O’Connor, directrice des relations gouvernementales à la Wisconsin Farmers Union. Toutefois, en vertu de la Constitution américaine, les États ne peuvent limiter le commerce entre eux.

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