International 17 mars 2017

Trump veut couper le budget en agriculture de 21 %

Les agriculteurs américains vont continuer de déchanter après leur appui massif à l’élection de Donald Trump en novembre. Les politiques du président pourraient également avoir un impact considérable au Canada.

Après les mesures visant l’expulsion des travailleurs étrangers sans papiers et la remise en question d’accords commerciaux favorables aux exportations agricoles américaines, voilà que c’est le budget du département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) qui est compromis.

La proposition de budget du président Trump, qui devra recevoir l’appui du Congrès avant d’aller de l’avant, prévoit en effet de réduire de 21 % le budget du USDA.

L’ensemble de ces changements risquent en effet de rendre les agriculteurs américains moins compétitifs sur les marchés internationaux et de favoriser les pays concurrents. Cela pourrait toutefois faire augmenter l’offre de porc, de bœuf et de grains en Amérique du Nord, y compris au Canada. L’effet sur les prix reçus par les agriculteurs d’ici pourrait donc être négatif dans un premier temps.

Tous les détails de cette coupe de 4,7 G$ par rapport à 2017 ne sont pas connus. Selon le Washington Post, il ne serait pas question de toucher à l’important budget de l’aide alimentaire aux Américains les plus pauvres (food stamps) ni aux subventions aux agriculteurs pour les cultures. Selon le journal américain, ce serait les dépenses « discrétionnaires » qui seraient touchées comme la sécurité des aliments, le développement rural, les mesures de conservation de l’environnement, la recherche et l’aide alimentaire internationale.

« Cette proposition de budget sous-estime dramatiquement l’urgence à laquelle l’Amérique rurale fait face », a commenté Andrew Bahrenburg, directeur des politiques de la National Young Farmers Coalition, qui représente la relève agricole. Ce dernier trouve « étrange » le message de Trump au monde rural qui a contribué à son élection.

Impacts au Canada

Le secteur agricole canadien pourrait profiter indirectement des politiques du président Trump qui nuisent au secteur agricole américain.

« Tous nos secteurs qui exportent pourraient sortir gagnants si on est capables de voler des parts de marchés aux États-Unis en raison de leur position isolationniste. Il y a cependant beaucoup de variables inconnues présentement », a commenté Jean-Philippe Gervais, économiste en chef de Financement agricole Canada.

La Chine est un exemple intéressant. « Si les États-Unis devaient imposer une barrière commerciale à la Chine, les Chinois imposeraient des représailles. Dans ce cas-là, on pourrait avoir certaines opportunités comme pour le porc ou les oléagineux. Mais si les barrières tarifaires font vraiment mal à la Chine, cela pourrait avoir un impact négatif sur nous en diminuant la demande chinoise», explique Jean-Philippe Gervais.

Par ailleurs, la valeur du dollar américain pourrait s’ajuster et changer la donne. « Si Trump va de l’avant avec son tarif à la frontière, le dollar américain pourrait s’apprécier. Cela aurait pour effet de faire monter le prix du porc et des autres produits exprimé en dollars canadiens et compenserait la baisse possible du prix exprimé en dollars américains », ajoute Jean-Philippe Gervais.

Bref, l’ère Trump s’annonce imprévisible.