International 28 novembre 2018

S’équiper coûtera plus cher

Il n’y a pas que les prix des denrées agricoles comme le porc et le soya qui sont affectés par les pratiques commerciales de nos voisins américains. Ceux de certains équipements agricoles sont aussi en hausse, touchés par les tarifs douaniers de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium imposés de part et d’autre de la frontière canado-américaine. D’autres fabricants ont été prévenus par leurs fournisseurs américains que les coûts des matériaux augmenteront bientôt.

« On est avisés que ça va monter. Il y a une peur sur le marché, surtout pour l’aluminium », mentionne Richard Caron, président de Récoltech Accessoires Maraîchers. Devant cet accroissement attendu des prix, une quinzaine de producteurs se sont dépêchés de commander des tuyaux d’aluminium ainsi que des pièces d’accouplement destinés à leur système d’irrigation. Cela représente le triple des demandes automnales habituelles pour ces produits. Selon M. Caron, la hausse de prix prévue en janvier 2019 pourrait être devancée si un épuisement de stocks devait survenir d’ici là.

Les silos d’acier du fabricant Jolco bénéficient eux aussi d’une période de grâce.
« Ça m’étonne, mais jusqu’à maintenant, on n’a pas vu d’augmentation, affirme le président Claude Lévesque. Les compagnies américaines commencent à nous le dire, par contre. C’est sûr que ça s’en vient. »

Facture refilée aux clients

Cela fait déjà quelques mois que le fabricant d’équipements pour les bâtiments porcins Conception Ro-Main paie plus cher pour les pièces d’acier qui entrent dans la composition de ses appareils. La facture a été refilée aux clients, mais en partie seulement. « Ce serait trop important comme hausse de prix, donc on en assume une portion », explique la responsable des douanes et du transport de l’entreprise, Marie-Josée Cliche. Elle prévoit une année 2019 difficile qui forcera Conception Ro-Main à repenser sa façon d’acheter. 

Les toitures et revêtements métalliques de la compagnie Vicwest n’échappent pas non plus à une flambée des prix. La contrôleuse financière Hélène Croteau mentionne que cela est dû au fait que le fabricant se procure aux États-Unis les grandes bobines d’acier qu’il profile ensuite selon les besoins des clients.

Il n’y a pas que les produits d’acier et d’aluminium qui sont touchés, d’ailleurs. Les composantes électroniques de rechange que Ro-Main vend à ses clients américains sont également assujetties à des tarifs supplémentaires en raison de leur provenance. Beaucoup de produits made in China sont en effet frappés d’une surtaxe américaine.

Des projets sur la glace

Le climat général d’incertitude pousse les producteurs agricoles à mettre le pied sur le frein des investissements. « J’ai encore un mois d’ouvrage, mais je sais que ça va planter », commente le propriétaire de l’entreprise Ventilation Kasa, Alain Camirand, qui dessert surtout des exploitations laitières de 60 vaches et moins. Ce dernier songe à s’équiper pour pouvoir ajouter de plus grandes fermes à sa liste de clients. Hélène Croteau, de Vicwest, constate aussi un ralentissement. « Parmi les gros projets qu’on avait pour le début de 2019 dans le secteur agricole, il y en a certains qui ont été mis sur la glace », dit-elle. Pour sa part, le directeur des ventes de Lely au Québec, Guillaume Peeters, reconnaît que « certaines fermes sont plus frileuses à investir » dans le contexte actuel.

VOIR AUSSI
La guerre de Trump affecte le Québec
Nos exportateurs de soya disent merci à Trump, mais pas les producteurs