International 17 juillet 2018

Le Québec pourrait exporter davantage

Au cours de la prochaine décennie, les États-Unis augmenteront leurs importations de fruits et de légumes de 4,5 % par année. Si les producteurs du Québec veulent se positionner stratégiquement dans ce marché en croissance, largement dominé par l’Ontario, ils devront regrouper leur offre et développer des partenariats avec le voisin américain. C’est ce que révèle une étude de Forest Lavoie Conseil commandée par l’Association des producteurs maraîchers du Québec en 2016, dont La Terre a obtenu copie.

Demande en hausse et offre stagnante

Le département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) estime que la demande annuelle en fruits sur son territoire s’accroîtra de 1,8 milliard de livres et celle en légumes, de plus de 2 milliards de livres. Une hausse principalement marquée par une augmentation de groupes ethniques consommateurs de fruits et de légumes (Hispano-Américains et Asiatico-Américains) au sein de la population américaine, jumelée à une croissance « naturelle » de la population de 0,7 à 0,8 % par année. D’un autre côté, les volumes actuellement produits aux États-Unis stagnent et l’USDA n’entrevoit pas de croissance à long terme : les problèmes de sécheresse en Californie ne permettront pas à l’État générant près de la moitié des récoltes du pays de « maintenir un rythme d’expansion comparable à ce qui a été observé dans le passé », lit-on dans l’étude. D’autant plus que l’offre américaine en fruits et légumes biologiques est déjà insuffisante pour un marché dont la part augmente de 10 à 15 % par année.

Les grands détaillants américains ont commencé à s’approvisionner délibérément en dehors du pays. « Le Mexique, le Chili et dans une moindre mesure, le Canada, ont vu leurs exportations augmenter vers les États-Unis. Au Canada, c’est surtout l’Ontario qui en a bénéficié et s’est essentiellement concentré sur le produit conventionnel », indique l’étude.

Opportunités

La proximité du Québec avec les marchés du Nord-Est américain et de la côte Atlantique est un atout, notamment en ce qui a trait à l’empreinte carbone (plus faible que celle des produits de la Californie ou du Mexique).

Pour combler la pénurie en produits biologiques, les experts, détaillants et grossistes américains se montrent ouverts à l’achat de fruits et de légumes biologiques du Québec, même en période de récoltes locales. Les pommes, les fraises, les brocolis, les choux-fleurs, les épinards, la laitue, les oignons, les poivrons et les betteraves biologiques trouveront rapidement preneurs au sud de la frontière.

En production conventionnelle, les experts, détaillants et grossistes américains se disent ouverts aux produits du Québec, à condition de ne pas concurrencer la production locale ou californienne.

Regrouper l’offre

Dans un premier temps, les producteurs en champ et en serre du Québec, conventionnels et biologiques, devront se regrouper pour avoir la possibilité de développer des partenariats fructueux avec les États-Unis. Ils devront étudier les stratégies d’affaires des concurrents horticoles du Québec; se renseigner sur les tendances américaines en matière de production, de réglementation et d’emballage; étudier les modèles d’affaires des grossistes et détaillants locaux pour valider l’intérêt d’un partenariat avec le Québec. Ils devront également trouver ce qui différencie les produits québécois (en termes de qualité) des produits californiens ou mexicains, et peut-être présenter les produits québécois sous une marque générique. Du côté des produits biologiques, une étude de marché exhaustive devra être effectuée. Puis, pour la distribution, deux options s’offriraient aux producteurs : recourir aux services d’un intermédiaire en sol américain ou créer une structure propre aux entreprises québécoises.

Dans un second temps, ils développeront un plan d’affaires qui prendra ces derniers aspects en compte.