International 10 février 2019

Le porc réfrigéré canadien poursuit sa percée en Asie

QUÉBEC — Le porc canadien réfrigéré (chill) est prisé au Japon. À tel point qu’en 2019, grâce notamment à Costco, il pourrait dominer ce marché et reléguer le porc américain en seconde position. Les exportateurs canadiens tentent également de lui faire faire une percée en Chine, mais ce n’est pas encore gagné.

Dominant au Japon

Le Canada est reconnu pour ses produits de porc réfrigéré.
Le Canada est reconnu pour ses produits de porc réfrigéré.

« Les deux pays se sont battus au coude à coude pour le marché japonais du porc réfrigéré et, au cours des sept ou huit dernières années, le Canada a pris 20 % de ce marché aux Américains, indique le président de Global AgriTrends, l’américain Brett Stuart. Les Japonais sont méticuleux et les longes de porc doivent être parfaites. Le Canada a fait un excellent travail pour les mettre sur le marché. » Les chiffres du mois d’octobre ont montré que 49 % du porc réfrigéré importé par le Japon provenait des États-Unis et que 48 % était issu du Canada. « Mettez le champagne au frais, parce qu’en 2019, le Canada pourrait devenir le principal fournisseur de porc réfrigéré au Japon », a conclu Brett Stuart, lors de sa présentation aux intervenants du secteur porcin réunis à l’occasion du Porc Show, en décembre.

C’est principalement grâce à Costco qui, avec 25 magasins sur le territoire japonais, a lancé « une tendance de fond » en échangeant ses fournisseurs américains pour des Canadiens. « Quand on a commencé avec Costco il y a 18 mois, on vendait trois conteneurs par semaine. On est maintenant rendus à six et c’est en forte croissance », indique Daniel Rivest, vice-président aux ventes de viandes fraîches chez Olymel. Depuis, les grandes chaînes d’alimentation japonaises ont emboîté le pas, faisant croître la demande nationale de porc réfrigéré canadien. 

Percée en Chine

Le porc réfrigéré canadien pourrait aussi faire une percée en Chine, puisque les gouvernements ont annoncé conjointement, en décembre 2017, la mise sur pied d’un projet pilote d’exportation de viande canadienne. « C’est une valeur ajoutée incroyable et quand tu entres là avec ce produit-là, ça permet d’être bien positionné [pour un éventuel accord de commerce]. C’est comme ça qu’on va se démarquer au Québec et au Canada. Ce n’est pas en produisant un produit de commodité comme font les Américains », a mentionné David Duval, président des Éleveurs de porcs du Québec. 

Cependant, les prix offerts par la Chine sont moindres que ceux du Japon. Les défis pour développer le marché chinois sont majeurs, indique par ailleurs Daniel Rivest. Par exemple au Japon, un conteneur est vidé de 24 à 48 h après son arrivée au port de Tokyo, mais en Chine, ce délai s’étire sur 1 à 4 semaines. « Le projet a été mis en place en mai 2017, mais ça reste minime pour le moment », note Martin Lavoie, président-directeur général de Canada Porc International. D’autant plus que la crise diplomatique entre Ottawa et Pékin causée par l’arrestation à Vancouver d’une haute responsable de l’entreprise de télécommunication Huawei en décembre n’améliorera pas l’avancée du projet.  

La Chine achète plus de parties nobles

La Chine est le premier marché d’exportation d’Olymel en 2017 en termes de volumes. « Historiquement, les Chinois achetaient les autres parties du porc qui ne provenaient pas des coupes principales, comme le cœur, les reins, le foie, l’estomac, le rectum, etc., mais on a vu l’apparition depuis trois ans d’une demande importante pour les coupes de base [parties nobles] », souligne Daniel Rivest, vice-président aux ventes de viandes fraîches chez Olymel. En 2017, l’entreprise québécoise a commencé à adapter l’offre de produits aux besoins du marché chinois et ce dernier « répond excessivement bien en ce moment », note M. Rivest. 

La peste porcine africaine en Chine jouera aussi en faveur du porc canadien à long terme, puisqu’une grande quantité de bêtes est présentement abattue dans ce pays, ce qui créera une demande accrue sur le marché international prochainement. « Il y a une certaine spéculation de la part des clients qui achètent en prévision de [cette situation] et on voit quand même depuis les derniers mois une augmentation de la demande », indique M. Rivest.