International 1 novembre 2019

L’AECG ne livre pas ses promesses

Deux ans après l’entrée en vigueur de l’Accord économique et commercial global (AECG) liant le Canada et l’Union européenne (UE), la balance agroalimentaire entre les deux se creuse au détriment des producteurs canadiens. Les exportateurs d’ici déplorent tout le travail à faire afin que leurs produits puissent tirer pleinement parti de l’entente de libre-échange.

Depuis l’entrée en vigueur de l’AECG, la balance commerciale des produits alimentaires, c’est-à-dire la valeur des exportations moins celle des importations du Canada avec ses partenaires européens, a reculé de 40,9 %, calcule l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). « Pourtant, l’un des principaux arguments des promoteurs de l’AECG au Canada était que cette entente permettrait aux producteurs canadiens d’avoir accès à de nouveaux marchés et ainsi d’augmenter leur chiffre d’affaires, explique Guillaume Hébert, chercheur à l’IRIS. Or, en dépit de l’accès à un nouveau marché, l’UE semble être beaucoup plus rapide à s’adapter au marché canadien que l’inverse dans le domaine alimentaire. »

L’industrie forestière perd aussi du terrain au profit de l’UE depuis la signature de l’entente, avec un recul de 38,5 % de sa balance commerciale. La filière énergétique canadienne, particulièrement celle du pétrole, constitue le seul secteur dont les exportations nettes ont connu un renversement de tendance et sont en progression constante, note l’IRIS. De façon globale, la balance commerciale entre le Canada et l’UE a diminué de 22,1 % au cours des deux dernières années.

Du pain sur la planche

L’Alliance canadienne du commerce agroalimentaire (ACCA) calcule que depuis l’entrée en vigueur de l’AECG, les exportations canadiennes ont diminué de 10 %, portant ainsi le déficit commercial à 3,5 G$ en faveur de l’UE. L’organisation pointe du doigt les barrières techniques et non tarifaires de l’Europe, qui excluent une partie importante des produits canadiens de son vaste marché. L’ACCA donne l’exemple des exportations de blé dur en Italie, l’une des principales exportations de céréales du Canada vers l’UE, qui ont été réduites de moitié depuis l’introduction de la réglementation italienne en matière d’étiquetage obligatoire du pays d’origine. « Lors de la signature de l’AECG, on avait promis aux fermiers, producteurs et exportateurs agroalimentaires [canadiens] un moyen d’accroître leurs exportations de milliards de dollars par an. […] Le temps est venu pour les législateurs canadiens et européens d’honorer l’accord négocié et d’obtenir les résultats promis », exhorte le président de l’Alliance, Dan Darling.

Compétition déloyale

En mai dernier, dans un dossier publié dans ses pages, La Terre rapportait les propos de plusieurs intervenants dénonçant la compétition déloyale de certains produits du Vieux Continent, dont le fromage de lait de brebis espagnol Manchego et la viande de veau européen, vendus au Québec à prix dérisoire.

À l’opposé, les denrées agricoles du Canada, notamment le bœuf et le porc, peinaient à gagner le marché européen.

Rappelons que l’AECG élimine 98 % des barrières tarifaires. Il concède entre autres l’entrée de 17 700 tonnes de fromages européens sur le marché canadien. Avec 500 millions de personnes dans 28 pays, le marché européen constitue la 2e économie mondiale de même que le 2e partenaire commercial du Canada après les États-Unis.