International 3 novembre 2016

Les agriculteurs américains voteront Trump

À quelques jours des présidentielles américaines, la Terre a contacté des agriculteurs américains afin de connaître leur intention de vote. Surprise : ils préfèrent tous Donald Trump.

« Je parle à des fermiers tous les jours et aucun n’est en faveur d’Hillary Clinton. Notre homme, c’est Trump », tranche sans hésitation Germain Bourdeau, propriétaire des meuneries Bourdeau Brothers dans l’État de New York.

La « crasse » de Washington

Si Germain Bourdeau votera pour Donald Trump le 8 novembre prochain, c’est parce que celui-ci a la volonté d’aider les commerçants américains. « On essaie de faire de la business, mais il y a trop de règlements pour tout. Trump a dit qu’il enlèverait 70 % des règlements. S’il fait ça, je serai l’homme le plus heureux du monde », explique M. Bourdeau.

L’autre élément qui lui plaît, c’est le nettoyage de l’appareil gouvernemental promis par Trump. « Il a dit qu’il enlèverait la “crasse” à Washington, qu’il nous débarrasserait des personnes qui sont payées à ne rien faire, de ceux qui ne connaissent rien, mais qui nous mènent par le bout du nez », énumère-t-il.

De toute façon, l’Américain ne voit pas pourquoi il élirait Hillary Clinton. « Elle a fait quoi depuis 30 ans? Et elle fera quoi? Mme Clinton est en politique pour recevoir un salaire. Ce n’est pas une personne habituée au commerce. Trump, lui, a déjà fait son argent, c’est lui qui a payé sa campagne », dit M. Bourdeau.

Des candidats « empoisonnés »

Au Vermont, le producteur laitier Bill Rowell donnera également son vote au candidat Trump, malgré certaines réserves. « Pour prendre une perspective agricole, je dirais que dans cette élection, nous avons le choix entre deux semences. Mais ce sont deux semences empoisonnées. Laquelle planter? Laquelle donnera du rendement? Je n’en ai aucune idée », déclare M. Rowell, préoccupé par la situation.

L’agriculteur ne voit rien de favorable dans cette élection. « Je crois que l’ensemble des gens aux États-Unis sont découragés et embarrassés d’avoir à choisir entre ces deux candidats pour la présidence du pays. Nous sommes dans une position vulnérable et il y a beaucoup d’incertitude sur la table », fait-il remarquer.

Les gens « ayant les mains sur le pouvoir », comme Mme Clinton depuis les 20 dernières années, ont laissé Bill Rowell sur sa faim. Il mentionne le projet des producteurs visant à contrôler les surplus de lait, une stratégie qui aurait évité que les prix descendent sous le coût de production, comme ç’a été le cas encore l’été dernier. « Nous étions près d’un accord, mais le projet a été bloqué à Washington. Les politiciens en place ne se sont pas levés pour les producteurs laitiers. Le lobby des transformateurs a eu plus d’influence. Money talks. Par conséquent, quand vient le temps d’investir dans nos entreprises aujourd’hui, on demeure dans l’incertitude », dépeint-il.

Outre son désaveu des politiciens du passé, Bill Rowell compte voter pour « l’imprévisible » Trump en partie parce que les États-Unis ont besoin d’un équilibre à la Cour suprême. Il croit que si Mme Clinton est élue, elle nommera des juges progressistes (liberal), qui seront alors surreprésentés.

Brasser la cabane

Un autre producteur laitier vermontois, Mark St-Pierre, votera Trump par défaut. « On a le choix entre un candidat pas trop bon (Trump) ou un candidat encore moins bon (Clinton). Je ne comprends pas qu’avec tout le monde qu’on a aux États-Unis [près de 325 millions d’habitants], on soit pris avec ces deux-là! Ça me décourage », commente-t-il.

Il votera pour Donald Trump en espérant que ce candidat républicain change les choses. « Avec Clinton, rien ne va changer, surtout pas le prix du lait. Est-ce que Trump sera bon? Je ne sais pas, mais il brassera la cabane », conclut M. St-Pierre, un descendant de Canadiens français, comme il le dit.

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