Actualités 25 septembre 2022

Têtes d’abattage – Petits formats, grands travaux

Les premiers modèles de têtes d’abattage sont arrivés au Québec il y a une trentaine d’années et les propriétaires forestiers sont de plus en plus nombreux à s’en procurer.

« Les têtes d’abattage ont été fabriquées à l’origine dans les pays scandinaves pour le bois résineux, mais avec le manque de main-d’œuvre, on en voit de plus en plus dans le bois feuillu », explique François Bourdoncle, technologue forestier à l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB). 

Déjà propriétaire d’une Ponsse H7, l’entrepreneur forestier Louis Quintal a ajouté récemment un modèle H8. Photo : Gracieuseté de Louis Quintal
Déjà propriétaire d’une Ponsse H7, l’entrepreneur forestier Louis Quintal a ajouté récemment un modèle H8. Photo : Gracieuseté de Louis Quintal

Si la Finlande demeure bien présente au Québec avec les Ponsse, AFM et Kesla, Metavic s’est depuis taillé une place enviable sur le marché en commercialisant ses propres modèles et en se présentant comme le seul fabricant de têtes d’abattage en Amérique du Nord.

Têtes d’abattage à impulsion – appelées communément à stroke – pouvant être montées sur une excavatrice ou un tracteur ou têtes d’abattage à rouleaux destinées aux travaux de plus grande envergure et plus robustes?  

« Ça dépend de ce qu’on veut faire, de la quantité d’hectares à traiter. Le prix n’est évidemment pas comparable. Si c’est pour des coupes de jardinage dans le bois, on peut y aller avec une petite tête et faire les gros billots à la scie mécanique. Tu te retrouves avec une machine plus polyvalente et un coût moins élevé », conseille François Bourdoncle. 

Par « polyvalente », le technologue forestier entend qu’elles sont aussi efficaces avec le bois mou que le bois franc et qu’elles peuvent être installées sur des excavatrices relativement légères (à partir de sept tonnes) qui laissent peu d’impact au sol à leur passage. « Pour faire de l’aménagement en forêt privée, c’est parfait », plaide François Bourdoncle.

« La première chose à regarder quand on magasine une tête d’abattage, c’est l’équipement sur lequel on va l’installer. Ça ne donne rien d’avoir une tête avec d’énormes capacités si le débit hydraulique de ton excavatrice n’arrive pas à l’alimenter adéquatement. En été, si le débit n’est pas suffisant, la tête chauffe, ça ne travaille pas bien et ça va éventuellement occasionner des problèmes », poursuit-il.

Par contre, pour un propriétaire qui veut conserver son excavatrice, il y a moyen de rehausser sa capacité hydraulique en changeant les pompes et en ajoutant des réservoirs supplémentaires. 

Petites têtes versus grosses têtes

Les petites têtes d’abattage équipées d’un système à impulsion offrent bien sûr un rendement inférieur à celles à rouleaux, mais ne sont pas dénuées d’avantages pour autant. Montées sur une excavatrice de 10 tonnes par exemple, ce que la grande majorité des modèles permet, elles empruntent les sentiers forestiers sans les endommager et travaillent en forêt avec des impacts limités sur le sol vu leur taille. 

Basé à Saint-Boniface, en Mauricie, Mario Lapolice est fidèle à la marque québécoise Metavic depuis des années. Photo : Bernard Lepage
Basé à Saint-Boniface, en Mauricie, Mario Lapolice est fidèle à la marque québécoise Metavic depuis des années. Photo : Bernard Lepage

« Si je tombe dans un secteur avec un bon calibre de bois, je peux remplir une vanne de 40 tonnes dans une journée, tandis qu’une tête à rouleaux va pouvoir en faire deux et même trois fois plus pendant la même période », explique Mario Lapolice, entrepreneur forestier de Saint-Boniface, en Mauricie, propriétaire d’une Metavic S180.

« Par contre, avec le moteur de 4 cylindres de mon excavatrice, je fais ma journée avec un réservoir de 80 litres d’essence (160 $ à 2 $/litre), tandis que l’autre avec sa machine à 750 000 $ va consommer 250 litres (500 $ à
2 $/litre). S’il vient faire un petit contrat pour un propriétaire forestier, ce ne sera pas payant pour lui ou bien il va refiler la facture à son client. Il y a de la place pour les deux types d’équipement », souligne Mario Lapolice que Forêts de chez nous a rencontré alors qu’il commençait un déboisement ciblé sur quatre hectares à Shawinigan, une tâche qui devrait lui prendre deux semaines, estimait-il. 

Autre avantage des petites têtes d’abattage, les branches et les cimes des arbres laissées un peu partout au sol forment une matière organique naturelle pour les jeunes pousses qui suivront. Ces débris superposés améliorent aussi la traction et la portance de l’excavatrice dans son avancée en forêt, surtout si celle-ci se fait en milieu humide. 

Technologue forestier à l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce, François Bourdoncle rappelle l’importance de tenir compte des capacités hydrauliques de son excavatrice dans le choix de sa tête d’abattage. Photo : Gracieuseté de François Bourdoncle
Technologue forestier à l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce, François Bourdoncle rappelle l’importance de tenir compte des capacités hydrauliques de son excavatrice dans le choix de sa tête d’abattage. Photo : Gracieuseté de François Bourdoncle

Des propriétaires fidèles à leur marque

Les entrepreneurs forestiers consultés par Forêts de chez nous ne prévoient pas changer de marque lorsque viendra le temps de renouveler leur équipement. « C’est un bon défi de changer de compagnie quand tu es habitué avec une tête d’abattage. Il y a quand même un prix à payer pour ça », estime Louis Quintal, un entrepreneur forestier de Trois-Rivières, propriétaire d’une Ponsse H8, une puissante tête d’abattage à rouleaux qui peut prendre des billes de 30 pouces de diamètre et qui défile le tronc à une vitesse de 5 mètres par seconde. 

Louis Quintal est fidèle à l’équipementier finlandais depuis des années, lui qui possède également un modèle H7 et qui a déjà eu une H6. Le Trifluvien souligne l’importance du détaillant quand vient le temps de magasiner une tête d’abattage. « Moi, je fais affaire avec Hydromec, à Dolbeau. Ils offrent un bon service et tiennent un bon inventaire de pièces. Mon partenaire a été mécanicien pendant six ans là-bas. Il connaît les Ponsse comme le fond de sa poche. Ça fait qu’on ne regarde pas pour autre chose. »

Même raisonnement pour Mario Lapolice qui ne jure que par Metavic. « C’est fabriqué au Québec avec des composantes le plus possible canadiennes ou américaines. Des fois, avec des machines qui arrivent de la Finlande ou de la Suède, surtout avec la COVID, tu vas avoir de la misère à avoir une pièce. Là, ça me prend 90 minutes pour me rendre à Plessisville et tout est sur place », explique le résidant de Saint-Boniface, en Mauricie. 

Parce qu’il en fait une utilisation régulière, Mario Lapolice a l’habitude de changer sa tête d’abattage aux trois ans environ et comme dans bien des secteurs, le marché de la revente dans les équipements forestiers a connu un boom spectaculaire dans les deux dernières années. « La tête que j’achetais 200 000 $ vaut maintenant 300 000 $ neuve, mais dans l’usagé, je vais être capable d’avoir 150 000 $ pour celle que je vends. »


Quelques modèles populaires

S230 Farmi

Distributeur des équipements Farmi, MTI Canada offre le modèle S230 (coupe effectuée par guillotine) et sa variante S230C (coupe effectuée par une lame de scie à chaîne pour un diamètre maximal de 12 pouces) qui sont très prisés par les propriétaires forestiers désirant entretenir leur boisé. 

« Elles peuvent être installées sur une chargeuse à bois ou une excavatrice de 5 à 8 tonnes », explique Étienne Gagnon, directeur des ventes chez MTI Canada. Les deux têtes peuvent être programmées (quatre choix de longueur de coupe) avec un téléphone intelligent grâce à un système Bluetooth. De plus, le modèle S230 à guillotine permet de couper et de fendre simultanément. 

Le prix de base pour un modèle S230 est de 19 999 $, excluant le rotateur et la perche d’extension. Le rotateur permet de déposer l’arbre au bon endroit une fois coupé, tandis que la perche d’extension peut être utilisée pour supporter le poids de l’excavatrice en cas d’enlisement de celle-ci.

Kesla 20SH et AFM 35

Chez Équipements Marquis, le directeur des ventes Tom Fredette propose un modèle doté d’un système à impulsion (Kesla 20SH) et un modèle à rouleaux (AFM 35). « La Kesla a une vitesse d’ébranchement d’environ 3/4 mètre par seconde avec une capacité de coupe de plus ou moins 20 pouces de diamètre. Elle est aussi efficace dans le bois résineux que dans le bois
dur. » La Kesla 20SH peut être montée sur des machines de 7 à 10 tonnes. 

Du côté de l’AFM 35, son système à deux rouleaux la rend évidemment plus productive en termes de vitesse puisqu’elle peut défiler un tronc d’arbre à raison de 5 mètres par seconde, avec une capacité de coupe de 18 pouces de diamètre. « C’est toujours évidemment en fonction de la capacité de la machine sur laquelle elle est installée », précise Tom Fredette. L’AFM 35 peut être montée sur des excavatrices de 8 à 14 tonnes et donne son plein rendement surtout avec le bois mou. L’équipement standard comprend : tendeur de chaîne automatique et réglage de la pression proportionnelle pour les rouleaux et couteaux.

« Ces deux modèles sont très populaires chez les petits entrepreneurs qui commencent ou chez les propriétaires forestiers qui ont un grand lot à bois à entretenir », souligne le directeur des ventes chez Équipements Marquis. La Kesla 20SH se détaille à partir de 69 000 $, et l’AFM 35, à partir de 110 000 $. 

Metavic S180

Se présentant comme le seul fabricant de têtes d’abattage en Amérique du Nord, Metavic met beaucoup l’accent sur le fait que ses deux modèles à impulsion, S180 et S220, sont entièrement fabriqués au Québec.
« C’est un produit qui a été développé par mon frère Martin en 2014, puis mis sur le marché deux ans plus tard », explique le président de l’entreprise, Steeve Guillemette. La S180 peut être installée sur des excavatrices de 7 à 11 tonnes, et la S220 sur des pelles de 12 à 15 tonnes. 

« Nous avons un partenariat avec Link Belt pour les excavatrices; nous sommes donc en mesure de livrer un produit clé en main pour les clients qui le désirent », poursuit le cofondateur de Metavic. Modèle le plus populaire et à sa troisième version depuis son lancement, la S180 peut couper un arbre avec un diamètre de 18 pouces. « On peut la programmer pour six longueurs de billes différentes. Elle comptabilise le nombre de mètres cubes coupés par essence (4), par chauffeur (3) et par job (3). Elle est aussi « autodiagnostic », c’est-à-dire qu’une alerte apparaît à l’écran qui indique où se situe le problème. » La S180 se détaille à partir de 68 000 $, un prix qui comprend la tête, l’écran numérique (7 pouces sur 10 pouces), les manettes et le rotateur. 


Cet article a été publié dans l’édition de septembre 2022 du magazine Forêts de chez nous.