Forêts 22 janvier 2018

La recette du jardin forestier rentable

ALMA — Envie de lancer une entreprise en misant sur la culture des produits forestiers non ligneux (PFNL) de la forêt boréale? Agrinova a réalisé une étude sur le sujet pour être en mesure de choisir les bonnes plantes et de rentabiliser les investissements.

« En plus de valoriser le territoire forestier et agricole du Saguenay–Lac-Saint-Jean, ce projet a pour but de développer un meilleur approvisionnement pour certaines espèces en demande, mais où la cueillette n’est pas assez abondante », explique François Tremblay, biologiste chez Agrinova, qui a monté un projet de recherche pour mettre à l’essai différents modèles agroforestiers. L’objectif : tester 15 PFNL sur 20 sites au Saguenay–Lac-Saint-Jean pour en évaluer la rentabilité potentielle, dont cinq sur des terres publiques.

Dans le cadre de ce projet, 500 000 $ ont été investis pour consolider l’approvisionnement de plantes et de champignons à fort potentiel de commercialisation.

Richard Côté pilote l’une des 15 entreprises privées qui ont participé au projet. En 2016, il a transplanté entre les rangs de son verger des aronias, des amélanchiers, des sureaux, des noisetiers, des argousiers et d’autres arbustes fruitiers, ainsi que de la menthe sauvage et de la monarde. « Au lieu de faire une monoculture, je préfère travailler avec des plantes qui s’entraident », mentionne l’horticulteur de Chambord.

Potentiel confirmé

Pour connaître les meilleures techniques d’implantation de ces espèces, quatre différents aménagements ont été testés dans des vergers et des milieux forestiers.

Finalement, les trois plantes ayant démontré le plus grand potentiel sont l’achillée millefeuille (890 kg/ha), la monarde (2 889 kg/ha) et la menthe du Canada (2 145 kg/ha) dans des cultures intercalaires, remarque François Tremblay.

Du côté des champignons, les résultats démontrent qu’il est préférable de faire pousser des pleurotes sur de la paille déposée sur un trou creusé dans le sol et recouvert de carton ou de géotextile, plutôt que sur des bûches, car seulement 7 % d’entre elles en ont produit.

Pour les arbustes fruitiers, les grands champions ont été les argousiers et les aronias, même si les baies de ces derniers étaient très appréciées des cerfs et des orignaux, souligne le chercheur. Les plantes aromatiques comme la menthe sauvage et la monarde étaient très efficaces pour les repousser. « Pour exploiter le marché des huiles essentielles, il faut toutefois sélectionner des variétés qui possèdent des caractéristiques ciblées par les acheteurs », note François Tremblay, qui publiera les résultats finaux de l’étude au début de 2018.

Le céleri sauvage, les orties, le safran, le ginseng et les ifs se sont aussi bien comportés, sans toutefois produire de grandes quantités. 

Guillaume Roy, correspondant régional