Environnement 2 septembre 2014

Une micro-rafale dévastatrice

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La micro-rafale qui a traversé plusieurs municipalités des Jardins-de-Napierville n’a duré qu’une vingtaine de minutes, le mercredi 4 juillet, mais elle a causé des dommages substantiels aux récoltes de plusieurs fermes maraîchères situées sur sa trajectoire. Des producteurs de grandes cultures (maïs, soya, etc.), de pommes et en serres ont également subi d’importants dégâts.

Sur le terrain, des maraîchers affirmaient n’avoir jamais connu un tel épisode, vu l’intensité des vents, la grosseur des grêlons et les superficies touchées. À Environnement Canada, on souligne que les dégâts observés laissent croire que les vents ont dépassé 90 km/h.

Dégâts

Président de l’Association des jardiniers maraîchers du Québec (AJMQ), Mario Isabelle évalue de 40 à 50 M$ les pertes encourues par les producteurs de la région. Sur sa seule entreprise, Isabelle inc., où l’on trouve des pommes de terre, des oignons et des carottes, les pertes s’élèvent à 2 ou 3 M$, a-t-il confié à la Terre. « Les vents violents qui ont soufflé (mercredi) dans un corridor d’environ 1,25 km de largeur à Saint-Michel, Saint-Rémi, Saint-Isidore et en partie Sherrington charriaient des grêlons de la grosseur d’une balle de baseball, a illustré M. Isabelle. Les vitres de la maison de mon voisin ont été fracassées. »

Ses champs d’oignons et de carottes touchés par la mini-tornade et ceux de pommes de terre rouges, prêtes pour la récolte, sont une perte totale. M. Isabelle espère pouvoir récupérer certains champs qui renferment d’autres variétés de pommes de terre grâce à des arrosages de fongicides. « Ça va coûter une fortune en fongicides, et je sais d’avance que je vais absorber une perte de rendement d’environ 50 % », a-t-il avancé. Les dommages touchent environ 450 des 1450 acres que les Fermes Isabelle cultivent.

Le maraîcher A. Barbeau et Fils avait récolté la moitié d’un de ses champs de laitues iceberg, voisin de ceux de M. Isabelle. Il devra sans doute labourer les laitues matures toujours en place, déchiquetées par les grêlons, et semer à nouveau pour une récolte à l’automne. La mini-tornade a aussi éventré un entrepôt de M. Barbeau, situé rue Principale à Saint-Michel. Chez des voisins, des arbres jonchaient le sol, déracinés ou cassés en deux. Et pas loin de là, Hydro-Québec s’affairait à rétablir le courant en replantant des poteaux.

Compensations

Le ministre de l’Agriculture du Québec, Pierre Corbeil, sera chez M. Isabelle, à Saint-Michel, en début de soirée pour rencontrer une douzaine de producteurs maraîchers. « Nous allons lui demander une compensation immédiate ainsi que la mise en place d’un programme d’assurance adéquat pour faire face à des situations semblables à l’avenir. »

Comme plusieurs autres maraîchers, M. Isabelle n’est pas protégé par l’assurance récolte. Il l’avait pourtant été durant les 15 années précédentes où il payait quelque 48 000 $ en primes. « Je regrette de ne pas être assuré cette année », a-t-il dit, soulignant au passage que les programmes en place ne sont pas adéquats.

Président de la Fédération des producteurs maraîchers du Québec, Jean-Marie Rainville « espère que la région touchée sera déclarée zone sinistrée ». Selon ses informations, les pertes sont majeures. « À lui seul, un producteur de salade et de céleri a subi des dommages de 4 M$, et un éleveur de petites fèves a perdu toute sa récolte », a-t-il noté.

Outre l’impact économique pour les maraîchers et la région, M. Rainville a relevé l’impact humain. « J’ai parlé à des producteurs touchés au Marché central, à minuit, quelques heures après l’événement. C’est la désolation. » Il a également souligné les réaménagements qui devront être faits à l’égard des travailleurs locaux et étrangers, dont une partie risque de se retrouver sans travail.