Environnement 23 mars 2022

Un leader danois de la biométhanisation cible le Québec

Une entreprise danoise, Nature Energy, a fait l’acquisition de terrains à Farnham, en Montérégie, pour la construction de sa première usine de biométhanisation en Amérique du Nord. Celle-ci pourrait transformer annuellement 600 000 tonnes de lisiers et de déchets agricoles en gaz naturel renouvelable et digestat servant à la fertilisation. Un projet semblable à Louiseville, en Mauricie, est aussi à l’étude.

« Le Québec représente un marché intéressant pour nous, car l’activité agricole présente de nombreuses similitudes avec le Danemark », a précisé à La Terre par courriel Hans Henrik Dahl Andersen, vice-président senior et responsable du développement commercial de Nature Energy en Amérique du Nord.

À ses yeux, le projet de 100 M$ à Farnham serait favorable « aux petits comme aux grands agriculteurs », notamment des éleveurs de porcs et de bovins situés dans un rayon de 20 à 30 km. « En général, dans nos autres usines [en Europe], les agriculteurs détiennent 10 à 20 % des parts », ajoute-t-il, laissant entendre que des modèles semblables pourraient être implantés au Québec. Nature Energy prévoit distribuer son gaz vert d’ici la fin 2024, à partir de la future usine de Farnham, dont le site occuperait 10,8 hectares.

De Louiseville au Danemark

C’est le quotidien Le Devoir qui a révélé la nouvelle. Depuis, Hans Henrik Dahl Andersen a confirmé considérer un autre projet semblable à Louiseville, mais a prévenu qu’il était trop tôt pour faire une annonce officielle.

Martin Marcouiller, président du syndicat local de l’Union des producteurs agricoles dans Maskinongé, affirme de son côté s’être rendu au Danemark en 2019, avec d’autres acteurs du milieu, pour la visite de trois usines de l’entreprise, en prévision d’une implantation possible dans sa région. Il a aussi fait la rencontre de producteurs là-bas qui utilisent le digestat produit comme engrais. « Ce qui est fourni en fumier est retourné aux producteurs. Le digestat, c’est un produit à valeur ajoutée, chauffé et exempt de tout germe ou bactérie. Ça permet une économie d’herbicides, ça facilite la gestion, parce que tu sais ce que tu épands, tu connais les quantités exactes. En plus, c’est inodore », énumère le producteur de porcs, de volailles, de bovins et de grandes cultures.

Les éleveurs de sa région, qu’il a sondés à cet effet, seraient intéressés par le projet de Louiseville, y voyant des avantages. Par exemple, ceux qui cultivent du foin sur le littoral, à proximité du lac Saint-Pierre, pourraient alimenter l’usine avec la première coupe inondée au printemps, souvent de moins bonne qualité, en échange d’un revenu supplémentaire, mentionne M. Marcouiller.